Cette brève étude a été écrite avant l'assassinat du président Anouar el Sadate. Un communiqué du ministère de la Défense, en date du 9 octobre, tout en donnant des détails sur l'attentat et sa préparation, ainsi que l'identité du chef du commando, le lieutenant Khaled Ahmed Chawky el Istambouly, précise que ce lieutenant avait un frère parmi les membres de l'organisation Al Tafkir wal Higra (Repentir et Retraite) dont parle l'auteur. Ce frère aurait fait partie des personnes récemment arrêtées (Le Monde, dimanche 11 et lundi 12 octobre 1981). Malgré l'aspect historique d'une partie de l'étude, nous sommes donc ici en pleine actualité.
L'affirmation actuelle de l'Islam
Depuis quelques années, les pays musulmans s’imposent à l’attention de l’Occident. Ce n’est pas seulement, comme on l’affirme volontiers, parce que parmi eux se trouvent les principaux fournisseurs de l’Europe en pétrole. C’est aussi en raison des mouvements socio-religieux qui s’y produisent et qui, vus de l’extérieur, ont souvent été décrits comme un « réveil de l’Islam », alors qu’ils en sont peut-être, plus simplement, le mode présent d’affirmation.
Après avoir évoqué les principaux aspects de l’héritage laissé aux Musulmans par l’histoire des derniers siècles, nous tenterons de reconnaître les sentiments et les idées qui sont à la base de l’affirmation actuelle de l’Islam. Nous décrirons quelques-unes des manifestations les plus caractéristiques par lesquelles s’exprime, à l’heure actuelle, le fondamentalisme islamique. Enfin, nous nous interrogerons sur l’attitude qui paraîtrait souhaitable, de la part des Occidentaux, face aux Musulmans d’aujourd’hui.
Le legs de la tradition
Durant les trois derniers siècles, les peuples musulmans ont, pour la plupart, subi la colonisation et réagi contre elle, en lui empruntant cependant certains éléments de progrès : le réformisme islamique, dans cette perspective, procède des méthodes de l’Occident, mais récuse son esprit.
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