Les données sont au cœur du travail des services de renseignement avec des besoins accrus en capacité de recueil, de traitement et d’exploitation. Cela signifie également pouvoir valoriser des informations construisant le savoir et permettant la décision en vue de l’action.
Mode d’emploi pour un Atlas Mnémosyne des services de renseignement
How a Mnemosyne Atlas Could Serve the Intelligence Services
Data lies at the very heart of the intelligence services’ work, and the need for its collection, handling and exploitation continues to increase in order for those services to make use of the information to build a base of knowledge and thus to allow decision-making with a view to taking action.
La mémoire a exploré les rives de l’artificialité avant l’intelligence, offrant la capacité pour l’homme de travailler à mémoriser l’ordre du monde en suivant les préceptes du poète grec Simonide de Céos (1). La mémoire, désormais externalisée à la machine, augmente l’homme naviguant dans un atlas numérisé, synonyme de capitalisation, d’archivage et de corrélation automatisée. Ce renversement n’est pas anodin car « si les technologies numériques peuvent libérer un potentiel inexploré de la mémoire par le fait de son extériorisation, elles peuvent également provoquer le contraire, c’est-à-dire bloquer les possibilités scellées dans la mémoire » (2). Puisque l’art de la mémoire n’est plus ce combat « pour exercer les capacités du cerveau », il devient une course au nombre de serveur et d’algorithme pour soutenir l’analyste de renseignement dans son appréhension des rémanences, dans son rapport immersif avec la donnée au service d’une forme de « connaissance traversière » fondée sur la « puissance intrinsèque de montage qui consiste à découvrir […] des liens que l’observation directe est incapable de discerner » (3).
Or, dans un monde où l’image – l’information comme la donnée – s’avère foisonnante, où le temps court s’impose et où l’immédiateté prime, l’acteur étatique en mesure de connaître pour anticiper pourra forcer le destin en sa faveur. Le renseignement est l’un des outils idoines pour saisir l’urgence du monde, ses soubresauts et ses lignes de rupture, et anticiper ses lignes de fractures futures. Pareille action suppose de pouvoir maîtriser l’agrégation de données de plus en plus massives pour éclairer, prévoir et comprendre afin de garder un temps d’avance.
En effet, l’homme n’est plus capable de traiter cette masse générée par des capteurs toujours plus nombreux et performants. Les crises sont désormais gérées par ceux qui sont en mesure de mieux capter, analyser, exploiter, maîtriser et protéger une somme toujours plus importante de données.
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