Realities of Espionage (January 1968)
Réalités de l’espionnage (janvier 1968)
« Quand à nous…, qui tenons celuy avoir l’honneur de la guerre, qui en a le profit…,
disons que où la peau du lion ne peut suffire, il y faut coudre un lopin de celle du renard. »
Montaigne - Essai (L. I, Ch. V).
Avant de s’apercevoir, tout à coup, qu’une lourde épée pendait au-dessus de sa tête, Damoclès n’était préoccupé que de lui-même et de l’ordonnance du banquet qu’il présidait. L’idée qu’un quelconque danger pouvait le menacer ne l’effleurait pas. Il fallut, pour qu’il en prenne conscience, cette épée prête de tomber sur lui à chaque instant. Alors pourquoi ne pas imaginer que… passé le premier moment de stupeur – ayant reconnu le péril et l’ayant évalué en fonction du poids apparent de l’arme et de la résistance du fil – Damoclès reprit son repas interrompu et, oubliant dans la chaleur du festin l’état d’insécurité relative dans lequel il se trouvait, retrouva, peu à peu, une quiétude satisfaite.
L’attitude actuelle devant l’espionnage – ce vieux problème des hommes – n’est guère différente. L’espionnage existe, c’est évident. Il est partout : dans le roman, à la télévision, en gros titres dans les journaux et même en orbite dans le cosmos. Mais ses manifestations semblent toujours plus ou moins noyées de brume – à mi-chemin entre le réel et l’irréel.
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