L’American Way of War a permis de gagner la bataille de reconquête du Koweït et donc la guerre, mais n’a pas permis de construire une paix durable, par absence de réelle stratégie inscrite dans une perspective de durée. Une leçon qui demeure encore aujourd’hui.
La guerre du Golfe et les écueils de l’American Way of War
The Gulf War and the Pitfalls of The American Way of War
The American Way of War led to winning the battle for the liberation of Kuwait, and therefore the war, yet through lack of any long-term strategy it did not lead to lasting peace: a situation which continues today.
Avec la libération du Koweït, la guerre du Golfe a marqué l’apogée de l’imperium américain, à un moment unipolaire qui s’est avéré de courte durée. Dans cette guerre, les armées américaines ont renoué avec la victoire, une notion fuyante depuis les guerres de Corée et du Vietnam. Elles l’ont fait dans un contexte de « guerre de laboratoire », où toutes les conditions nominales étaient réunies : un ennemi conventionnel doté pour l’essentiel de moyens militaires et de structures « classiques » ; un adversaire isolé stratégiquement, dénué de puissance tutélaire et de sanctuaire à proximité ; un théâtre au climat austère, mais richement doté en infrastructures ; un terrain désertique offrant peu de couverts et une population dispersée. Elles disposaient surtout de la maîtrise du cadre espace-temps, la coalition ayant eu le choix du moment et du lieu. À ce titre, la guerre du Golfe représente l’exemple le plus achevé de la guerre « à l’américaine », en tout cas, telle que les Américains désirent la faire.
La suite des événements a montré les limites du modèle, voire ses incohérences profondes. L’objet de cet article n’est pas de dresser un état des lieux exhaustif, mais uniquement de mettre en exergue certains points emblématiques où, justement, le modèle montre ses limites, que ce soit aux niveaux tactique, opératif ou stratégique.
Tempête du Désert (Desert Storm)
L’opération Tempête du Désert est une offensive conventionnelle précédée par une phase défensive, permettant le déploiement de la force, quasiment sans interférence de l’adversaire. Les Américains emploient du reste le terme de « force build-up », construction de la force, qui est bien plus complet que « déploiement de la force » qui n’en est qu’une composante. Les moyens ont été déployés, réarticulés en vue de la mission, puis entraînés, préparés, intégrés dans la chaîne de commandement unique de la coalition. C’est donc une coalition gonflée à bloc, très bien renseignée, qui a attaqué au moment de son choix un adversaire réduit à l’attente stratégique et tenu d’adopter une posture à large focale face à la coalition qui choisissait le lieu.
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