Les réformes de 1992 ont profondément transformé le ministère de la Défense et les forces armées. L’organisation du renseignement militaire a été complètement réformée avec la création de la Direction du renseignement militaire (DRM) et du Commandement des opérations spéciales (COS). Cette mutation a été entamée à partir de 1988 et s’est accélérée suite aux leçons de la guerre du Golfe.
Réformer le renseignement militaire français après la guerre du Golfe : un enjeu politique
Reforming French Military Intelligence Following The Gulf War: a Political Challenge
The 1992 reforms profoundly transformed the Ministry of Defence and the armed forces. The organisation of military intelligence underwent complete reform with the creation of the Directorate of military intelligence (Direction du renseignement militaire—DRM) and the Special operations command (Commandement des opérations spéciales—COS). These changes began in 1988 and have been accelerated following lessons learned from the Gulf War.
Il est convenu de considérer la première guerre d’Irak comme l’événement déclencheur de la réforme du dispositif de renseignement militaire français avec les réformes de 1992, tout particulièrement avec la création de la Direction du renseignement militaire (DRM). Toutefois, cette lecture « événementialiste » qui participe d’une culture militaire du retour d’expérience (Retex) mérite à plusieurs titres d’être réintégrée dans une perspective plus longue et plus politique pour en évaluer le sens et la portée.
La première hypothèse consiste à ne pas isoler la réforme du renseignement militaire d’un dispositif plus large de réforme politique de l’appareil de renseignement extérieur français, dans une séquence qualifiée de « printemps français du renseignement de 1988 à 1992 », par Sébastien Laurent, Olivier Forcade et Philippe Hayez, les fondateurs du groupe de recherche Metis (1).
La seconde hypothèse est que la guerre du Golfe révèle les faiblesses structurelles du renseignement militaire issu de la guerre froide et cristallise les besoins de réformes, parce que l’engagement international de haute intensité rend visibles des problèmes précédemment éprouvés dans les années 1980, notamment dans les conflits du Tchad. Ces deux hypothèses se complètent dans une concordance des temps rendue sensible avec la guerre du Golfe, premier grand engagement d’une coalition occidentale au lendemain de la guerre froide. Ce n’est donc pas seulement la guerre du Golfe qui a suscité sui generis une réforme du renseignement militaire, mais plutôt son inscription dans les mutations géopolitiques et institutionnelles de la fin du court XXe siècle (2).
Il reste 91 % de l'article à lire
Plan de l'article