Daguet fut une opération de haute intensité dont les enseignements ont été fructueux dès 1992 avec l’engagement en ex-Yougoslavie, même si les modes d’action se révélèrent peu efficaces, en raison des choix politiques de l’époque. Aujourd’hui encore, les leçons demeurent utiles.
Du Golfe à Sarajevo : héritage de Daguet et perspectives pour la haute intensité
From the Gulf to Sarajevo: the Legacy of Daguet and Perspectives for High Internsity
Operation Daguet (the French Gulf War operation) was a high-intensity operation whose lessons learned proved valuable during the intervention in former Yugoslavia in 1992 even if the modes of action turned out to have limited effectiveness because of political decisions taken at the time. Even today, the lessons learned remain useful.
Dès la fin de la guerre du Golfe en 1991 – campagne qui illustra parfaitement la supériorité occidentale du moment en haute intensité – la France, est brutalement confrontée aux soubresauts de l’après-guerre froide avec une volonté de trouver, dans l’ONU, symbole d’un nouvel ordre multilatéral, la capacité à préserver, voire à restaurer la paix. S’engager sous mandat des Nations unies, porter un béret ou un casque bleu, devient alors, pour nombre de soldats français, le nouvel horizon d’engagement en opérations extérieures (Opex).
Malgré l’expérience africaine et celle du Liban dans les années 1980, ces missions très particulières d’interposition et de protection, au milieu de pays dévastés par la guerre civile ou les conflits interethniques, vont pourtant se révéler des défis de grande envergure pour des forces qui s’étaient préparées, pendant des décennies, à une confrontation dite conventionnelle face au pacte de Varsovie.
En outre, ces troupes faiblement professionnalisées à l’époque, reviennent du Moyen-Orient auréolées d’une victoire écrasante sur l’Irak de Saddam Hussein, ennemi défait en quelques semaines par l’application quasi-dogmatique des théories de l’AirLand Battle (1) appuyée par une suprématie technologique sans rivale. D’ailleurs, ce constat d’un changement de paradigme dans l’engagement militaire apparaît déjà en 1992 comme le souligne l’historien et journaliste Paul-Marie de La Gorce (2) : « En toute hypothèse, le contexte mondial privilégie la perspective d’interventions internationales, de dimensions peut-être diverses, mais qui posent des problèmes particuliers quant aux conditions d’engagement des forces, à leurs structures, à leur équipement et à leur doctrine d’emploi (3). »
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