La guerre du Golfe a accéléré les mutations propres à l’Armée de l’air qui avaient été amorcées avec le plan Armées 2000. En modifiant en profondeur l’organisation et le fonctionnement, celle-ci a vu une rupture confirmée ensuite par le Retex du conflit puis par la professionnalisation décidée en 1996.
Les conséquences de la guerre du Golfe sur le modèle de l’Armée de l’air
Consequences of the Gulf War on the Model of the Air Force
The Gulf War accelerated changes peculiar to the Air Force which had already begun under the programme Armées 2000. The latter’s profound changes to the forces’ organisation and functioning were subsequently confirmed by lessons learned during the conflict and by the professionalisation of the forces from 1996.
L’Armée de l’air du début des années 1990 est organisée autour de quatre régions aériennes (RA) et de grands commandements spécialisés : les Forces aériennes stratégiques (FAS), la Force aérienne tactique (FATac), le Commandement air des forces de défense aérienne (CAFDA) et le Commandement du transport aérien militaire (CoTAM). C’est un système encore assez décentralisé dans lequel les responsabilités et l’influence des grands commandeurs équilibrent le pouvoir de décision de l’administration centrale.
La guerre du Golfe illustre cette répartition des pouvoirs au sein de l’Armée de l’air. En effet, la montée en puissance de la composante aérienne de l’opération Daguet est essentiellement soutenue par FATac/1er RA qui fournit 1 606 des 3 916 aviateurs mobilisés, soit plus de 40 %. C’est le général commandant la FATac, le général Jean-Claude Lartigau qui par exemple définit la dotation initiale pour les stocks de munitions et en ordonne la mise en place. L’État-major de l’Armée de l’air (EMAA), sous la direction du général Jean Fleury, ne joue pas le rôle fédérateur et intégrateur attendu, car il reste éloigné de la boucle des opérations et n’a pas directement la main sur les moyens des forces.
Cinq ans plus tard, cette Armée de l’air n’a plus rien à voir avec cette organisation décentralisée : les régions aériennes ont été vidées de leur substance et sont en voie de disparition ; les grands commandements ont perdu leurs services de sou tien et sont devenus purement organiques ; hormis les FAS, un seul grand commandement opérationnel subsiste pour toute l’Armée de l’air. Cette transformation brutale s’opère sous l’influence de trois facteurs principaux : le plan Armées 2000 lancé par le cabinet du ministre de la Défense, Jean-Pierre Chevènement, en 1989, la guerre du Golfe en 1990-1991 et le produit des dividendes de la paix. Il est difficile d’isoler l’une des trois variables tant elles semblent entremêlées.
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