Les récentes polémiques sur Napoléon et l’esclavage ont passé sous silence la volonté de l’Empereur de libérer les individus. Il supprima ainsi le servage dans plusieurs parties de l’Europe et interdit la traite et la vente des esclaves, prélude à la disparition de cette barbarie alors pratiquée de façon courante.
Napoléon et l’esclavage
Napoleon and Slavery
Recent controversy over Napoleon and slavery has remained silent regarding the Emperor’s will to grant individuals their freedom. He eliminated serfdom in several parts of Europe and forbade the sale of slaves and the slave trade in general, a prelude to the disappearance of the barbarity that was so widespread at the time.
La polémique suscitée à l’occasion de la commémoration du bicentenaire de Napoléon repose sur la controverse de l’esclavage, une pratique inhumaine (mais courante à l’époque) que l’Empereur a rétabli dans les colonies françaises en 1802. Pour être comprise, cette décision doit être interprétée en tenant compte de la situation du moment qui privilégiait les intérêts économiques. Dans ce genre de problématique très sensible, il ne faut pas juger un événement du passé avec les codes du présent, mais considérer le contexte historique, en particulier la rivalité franco-britannique qui prévalait dans les îles des Caraïbes sous domination française.
L’esclavage dans les Antilles françaises
Découvertes par Christophe Colomb lors de ses différentes expéditions entre 1492 et 1502, trois îles des Caraïbes furent colonisées par la France au XVIIe siècle : la Martinique et la Guadeloupe en 1635, Haïti en 1659. Dans cette zone, l’économie reposait sur l’abondance de la canne à sucre. Pour récolter cette manne lucrative, les colonisateurs français durent faire appel à une nombreuse main-d’œuvre d’esclaves en provenance d’Afrique. Pendant plus d’un siècle, cette zone insulaire sous domination française fut l’objet de convoitises économiques et de violentes rivalités avec l’Espagne pour Haïti (1), et surtout avec l’Angleterre pour les deux autres îles.
À Haïti la forte personnalité de Toussaint Louverture a marqué l’histoire. Esclave dans une luxueuse habitation au nord de l’île, puis affranchi et devenu maître d’esclaves dans une propriété pour exploiter la canne à sucre, cette figure emblématique a connu un parcours controversé. Après avoir rallié la révolte des insurgés noirs contre les colons en 1791, Toussaint Louverture se rangea aux côtés de la France pour combattre les Espagnols et les Anglais qui tentaient de s’installer sur l’île. Ce changement de camp survenait après l’abolition officielle de l’esclavage par la Convention le 4 février 1794. Grâce à ses qualités remarquables de meneur d’hommes et d’administrateur, Toussaint Louverture fut nommé général le 23 juillet 1795 puis gouverneur de Saint-Domingue le 31 mars 1796. Galvanisé par cette réussite et fort de son emprise grandissante sur ce territoire insulaire, le nouveau promu proclama son intention de fonder une république noire indépendante, une décision qui irrita le Premier consul à Paris. En réponse à ce coup de force, Napoléon Bonaparte envoya un corps expéditionnaire sur l’île au début de 1802. Toussaint Louverture capitula et fut fait prisonnier le 7 juin 1802. Déporté en France, le rebelle haïtien fut interné dans un fort du Jura où il mourut le 7 avril 1803. Haïti deviendra indépendante le 1er janvier 1804 puis entrera dans une longue période de troubles.
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