Les opérations aéromaritimes ne se limitent plus au milieu océanique, mais doivent désormais prendre en compte les champs immatériels avec des stratégies hybrides exigeant un entraînement intensif. Cela bouleverse les approches classiques du combat naval et impose d’innover et anticiper.
Les opérations aéromaritimes et les effets dans les champs immatériels
Maritime-Air Operations and their Effects in Intangible Fields
Maitime-air operations are no longer limited to the ocean environment and have now to take into account many intangible fields of military development, drawing on hybrid strategies which demand intensive training. It amounts to a shake-up of conventional approaches to naval combat and imposes the need to innovate and anticipate.
Le 21 décembre 2020, alors que les relations entre les États-Unis et l’Iran se détérioraient significativement à l’approche de la date anniversaire de la mort du général Soleimani (1), un important effort de communication était réalisé par l’US Navy concernant le déploiement du sous-marin nucléaire USS Georgia dans le détroit d’Ormuz. D’ordinaire peu disert sur ces sujets, l’US Navy publia cette fois plusieurs photographies montrant son bâtiment naviguer en surface en direction du Golfe, tout en détaillant ses importantes capacités de projection de puissance. L’évocation des 154 missiles de croisière Tomahawk, d’un détachement de 66 Navy Seals et la diffusion publique des images du Dry Deck Shelter (2) visaient évidemment à appuyer les messages stratégiques émis par la diplomatie américaine (3). L’utilisation d’opérations aéromaritimes pour appuyer une communication stratégique (Stratcom) (4) est également une réalité en France, comme ce fut le cas par exemple lors de l’exercice majeur de lutte contre le terrorisme Rhéa réalisé au large de la Crète le 13 mars 2021 (5).
De manière générale, on constate que les opérations militaires ne visent plus uniquement à maîtriser par l’emploi de la force les cinq milieux (terre, air, mer, espace, cyber) définis dans le dernier concept d’emploi des forces, mais s’inscrivent désormais de plus en plus dans la conflictualité des champs immatériels (6), c’est-à-dire informationnel et électromagnétique. Certes, cela ne constitue pas un réel renouveau stratégique (7), mais les progrès technologiques récents, notamment dans le domaine du numérique, ont multiplié durant les dernières décennies les possibilités d’action dans les champs immatériels, même pour les pays faiblement dotés. Ces évolutions, identifiées dans le plan stratégique Mercator « Accélération 2021 » de la Marine nationale (8), imposent de comprendre quels sont les enjeux, les opportunités et les risques induits pour les opérations aéromaritimes.
À l’heure où la mer reprend une place prédominante dans les stratégies de puissance de nos compétiteurs, la Marine nationale, confrontée au durcissement général des menaces comme à l’emploi de stratégies hybrides (9), doit rechercher la supériorité opérationnelle en combinant le combat aéromaritime et la lutte dans les champs immatériels. Celle-ci ne peut s’acquérir qu’au prix d’un entraînement et d’un aguerrissement accru des marins, et par le développement de nouvelles capacités techniques.
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