La défense nationale est un élément majeur de l’ADN de la Ve République. Les évolutions ont été importantes et complexes d’autant plus que l’environnement géopolitique a évolué. La défense n’est pas une simple administration, elle est une institution qui donne un sens à l’action de l’État et donc éminemment politique.
La défense nationale des années 1970 à nos jours. Une lecture des Livres blancs, de 1972 à la Revue stratégique de 2021
National Defence from the 1970s to Date. A Look at the Livres Blancs, from 1972 to the 2021 Strategic Review
National defence is a major constituent of the DNA of the Fifth Republic. It has experienced considerable and complex developments as the geopolitical environment has evolved. Defence is far from a simple administrative department—it is an institution that gives material sense to state action and thus is eminently political.
Cette contribution propose trois lectures croisées de l’évolution de la défense nationale à la défense et la sécurité nationale : une lecture des textes, une lecture du contexte militaire et une lecture du pouvoir. Pour répondre à trois questions. Que défendre ? Il y faut une réponse étatique, politique, historique. Qui défend ? C’est la question de la participation des citoyens à la défense de la France, qui recoupe pour partie celle de l’appartenance des Français à la France. Comment défendre ? C’est une lecture des textes, c’est une lecture du contexte et c’est une lecture politique.
Les principes sur lesquels repose la conduite d’une politique publique de défense et de sécurité ont connu, depuis les années 1970, des inflexions fortes. Une série de textes, plus ou moins contraints par le contexte politique de leur rédaction, en sont le témoignage : les Livres blancs de 1972, 1994, 2008, 2013 ainsi que les Revues stratégiques de 2017 et 2021, les rapports annexés aux lois de programmation militaires, les interventions du président de la République et du Premier ministre devant l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) et à l’École de Guerre (EdG), les débats au Parlement, pour se limiter à ces exercices publics (1).
En 1972, le ministre de la Défense Michel Debré avait décidé d’un Livre blanc sur la défense nationale. En 1994, c’est un Livre blanc sur la défense qui avait marqué la sortie, pour nos armées, du contexte de la guerre froide. En 2008 comme en 2013, l’exercice voulu par le président de la République aboutissait à un Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. C’est aussi le titre du Livre blanc de 2013 et des Revues stratégiques de 2017 et 2021. De la défense nationale à la défense, puis à la défense et à la sécurité nationale : il y a là une évolution porteuse de sens.
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