À l’aube de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (UE), les déconvenues récentes de la relation transatlantique sont venues rappeler avec acuité la nécessité de bâtir l’autonomie stratégique européenne, ou, dit plus prosaïquement, de renforcer la volonté politique et les capacités des Européens d’agir pour la défense de leurs intérêts de sécurité.

Évitons d’emblée toute méprise : les États-Unis sont, et resteront, un partenaire et un allié majeur. Notre relation s’enracine dans l’histoire. Ironie du calendrier, alors qu’était annoncé le partenariat AUKUS, nous célébrions l’anniversaire de la bataille de la baie de Chesapeake, où la Marine française a apporté un appui clef – décisif même – à l’indépendance américaine. Aujourd’hui encore, nos Armées, fortes d’une expérience opérationnelle acquise du Levant au Sahel, de l’Indopacifique au cyberespace, travaillent étroitement ensemble.

Pour autant, l’annonce brutale du partenariat AUKUS et les modalités du retrait américain d’Afghanistan rappellent les tendances de long terme outre-Atlantique, subsistant par-delà les transitions à la Maison-Blanche. Bascule vers l’Indopacifique, priorité donnée à la compétition stratégique avec la Chine et profonde fatigue de l’interventionnisme façonnent aujourd’hui la manière dont Washington perçoit le monde et aborde ses alliés.