Editorial
Éditorial
Chers lectrices et chers lecteurs de la Revue Défense Nationale, français et étrangers, en France et en dehors de nos frontières, toute l’équipe de la RDN vous souhaite une très bonne année 2022.
Depuis deux ans, notre horizon est obscurci par cette pandémie qui n’en finit pas de se propager, malgré les vaccinations sans que nous ne sachions vraiment si les stratégies appliquées sont les bonnes.
Si, durant l’année 2020, il nous avait semblé que le monde s’était arrêté de tourner pour se concentrer sur la lutte contre la pandémie, l’année 2021 nous a rappelé à la réalité et même assez brutalement. Il n’y a pas que face à la pandémie que nous peinons à définir des stratégies gagnantes. La chute de Kaboul, avec le non-respect par les taliban de leurs engagements, est le dernier en date des échecs de la communauté internationale dans les tentatives de restauration de la paix conduites depuis deux décennies.
Bien au contraire, « le durcissement de la compétition entre grandes puissances – et de fait, la remise en question du multilatéralisme et du droit » pour reprendre les termes du chef d’état-major des armées, semble sonner le glas des valeurs qui sous-tendaient l’action de l’Organisation des Nations unies. À tel point que nous réalisons que les résolutions des Nations unies qui étaient l’alpha et l’omega de nos interventions militaires semblent avoir disparu de notre vocabulaire. Comment dans ce nouveau triptyque « compétition-contestation-affrontement » nos Nations démocratiques peuvent-elles continuer à assurer leur défense tout en respectant un ordre international fondé sur le droit et le respect de la dignité humaine ?
Telle est, à mon sens, la question fondamentale qui se pose aux Nations de la vieille Europe, à la fois pour la défense de cet espace européen, mais également pour notre positionnement dans le face-à-face entre la Chine et les États-Unis.
La crise migratoire que connaît notre continent est à la fois une menace pour notre sécurité qu’il serait irresponsable d’éluder, mais également un défi pour notre devoir d’humanité vis-à-vis de ces hommes, femmes et enfants qui fuient des pays dans lesquels nous n’avons pas réussi à instaurer ou restaurer la paix.
Dans la compétition, première phase du triptyque, entre la Chine et les États-Unis, et en vue de se préparer aux phases suivantes, les Britanniques semblent avoir fait leur choix comme nous l’a montré l’alliance stratégique AUKUS.
La présidence française de l’Union européenne sera pour nous l’occasion d’œuvrer à ce que l’Europe soit « plus puissante dans le monde » pour reprendre les termes du Président Emmanuel Macron. Est-ce encore possible, est-ce encore réaliste ? C’est pourtant bien de l’avenir de la démocratie qu’il s’agit. Cette démocratie dont nous n’avons pas réussi à promouvoir le principe sur le long terme en Irak, en Syrie, mais aussi en Éthiopie où le Premier ministre, élu démocratiquement, prix Nobel de la paix s’est lancé dans une action militaire qui s’est mue en guerre fratricide.
Durant cette année 2021, la RDN s’est efforcée d’accompagner la réflexion de ses lecteurs par des dossiers dont les thèmes sont au cœur de l’actualité. Elle continuera en 2022 en cherchant à diversifier les contributions pour créer les conditions du débat stratégique, en respectant son principe de neutralité. Dans ce débat stratégique, la participation de nos lecteurs est essentielle. Un espace sur notre site leur est dédié, il n’a pour l’heure pas été utilisé. Je formule le souhait qu’il le soit en 2022, solution qui me semble plus constructive et plus utile à long terme, que l’ouverture d’un débat sur les réseaux sociaux.
Au moment où nos Armées font preuve tous les jours de leur capacité d’adaptation face à l’évolution du monde et cherchent à « gagner la guerre avant la guerre », j’espère que nous pourrons contribuer, à notre niveau, par l’animation de ce débat stratégique, à les éclairer dans les choix qu’elles auront à faire. Malgré les nuages qui s’amoncellent, je vous souhaite une très bonne année, à vous et ceux qui vont sont chers dans la confiance en l’avenir. ♦