Même si les États-Unis semblent avoir pris du recul face aux affaires complexes du Moyen-Orient au profit de l’Indopacifique, ils ne peuvent se désintéresser du sujet. La sécurité d’Israël et les ambitions iraniennes, avec la poussée de la Chine et de la Russie, restent des centres d’intérêt majeur pour Washington.
Le Moyen-Orient, un angle mort de la politique américaine ?
The Middle East—a Blind Spot in American Policy?
Whilst the United States seems to have pulled back somewhat from the complex business of the Middle-East to focus on the Indo-Pacific region, it cannot afford to lose interest in the subject. The security of Israel and Iranian ambitions, together with advances by China and Russia remain major centres of interest for Washington.
L’intérêt des États-Unis pour le Moyen-Orient est certes ancien, mais pendant longtemps la présence américaine ne fut le fait que d’initiatives privées, d’entreprises notamment pétrolières et des universités. Leur véritable engagement intervint à la fin de la Seconde Guerre mondiale. On peut la dater symboliquement au 14 février 1945 lors de la fameuse entrevue sur le croiseur Quincy entre le président Roosevelt et Ibn Saoud. Certes, aucun traité ne fut signé et on ne dispose même pas du texte d’un communiqué ou d’un compte rendu de leur conversation. Mais de cette rencontre date l’engagement américain d’assurer la sécurité du Royaume contre un approvisionnement en pétrole régulier et à des prix raisonnables.
Une politique active
Ainsi, entre 1945 et 2013, les États-Unis ont mené une politique très active au Moyen-Orient. C’était pour eux une zone stratégique où ils avaient des intérêts majeurs à promouvoir et à défendre. Les objectifs poursuivis étaient multiples et parfois contradictoires. Le principal était d’assurer un approvisionnement en hydrocarbures dans de bonnes conditions à un moment où l’économie des États-Unis en était en partie dépendante. Il convenait aussi de sauvegarder les intérêts des grandes entreprises américaines, qu’il s’agisse de celles qui opéraient, avec des contrats de concession léonins, dans le domaine des hydrocarbures, ou de celle qui exportait du matériel d’armement.
Très vite, les États-Unis se sont préoccupés de contrer les menaces qui se sont fait jour dans cette zone sensible. La première, chronologiquement, a été la politique de l’URSS visant à étendre son influence là où la Russie tsariste était déjà présente. En effet, le Moyen-Orient est devenu jusqu’en 1989 un des champs de bataille de la guerre froide, avec un ancrage soviétique en Syrie, en Irak, en Égypte et au Yémen du Sud. Puis d’autres dangers apparurent contre les intérêts américains : la révolution iranienne en 1979 avec la création de la République islamique qui entendait exporter son idéologie hostile au « Grand Satan » et la prise en otages de 52 Américains ; les visées de Saddam Hussein sur le Koweït et, enfin, après le 11 septembre 2001, le développement d’une menace terroriste multiforme, d’Al-Qaïda, qui s’était attaquée au territoire américain même, jusqu’à Daech. La Global War on Terror (GWOT) devait s’accompagner d’un « wilsonisme botté » visant à promouvoir la démocratie et la libre entreprise dans le Grand Moyen-Orient qui s’étend du Maroc au Pakistan. Enfin, assurer la sécurité d’Israël devient un objectif majeur, surtout après le tournant pris par la politique française à partir de 1967, et un problème de politique intérieure.
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