Les relations transatlantiques ont été marquées depuis le 11 septembre 2001 par la lutte contre le terrorisme, avec des approches qui ont évolué. Aujourd’hui, la priorité de Washington sur l’Indopacifique remet en cause les fondements notamment du côté européen, celui-ci devant assumer de nouvelles responsabilités.
Contre-terrorisme et relations transatlantiques : une valse à contretemps
Counter-Terrorism and Transatlantic Relations: a Syncopated Waltz
Transatlantic relations have been marked since 11 September 2001 by the fight against terrorism, the approach to which has evolved over time. Washington’s current priority of the Indo-Pacific region is calling into question some of the fundamentals, particularly on the European side: Europeans are having to face up to new responsibilities.
Au cours des vingt dernières années, la lutte contre le terrorisme est devenue l’un des thèmes récurrents de la coopération, sinon de l’alliance entre l’Europe et les États-Unis. L’invocation par le Conseil de l’Atlantique Nord, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, de l’article 5 du Traité de Washington, pour la première fois de l’histoire de l’Alliance, devait en effet inaugurer deux décennies au cours desquelles la solidarité transatlantique serait jaugée en grande partie à l’aune des avancées en matière d’antiterrorisme.
Le sens de cette relation a cependant évolué et tendu à s’inverser au fil du temps. Au cours de la première décennie, les efforts des Européens visaient avant tout à satisfaire les demandes américaines, et à donner des gages de solidarité, que ce soit dans la coopération en matière de renseignement ou par la contribution européenne aux grandes opérations américaines de « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan et en Irak. À partir de 2011, en revanche, alors même que sous l’influence de Barack Obama, l’Amérique amorçait son « pivot » vers l’Asie, ce sont les Européens qui occupèrent de plus en plus une position de demandeurs d’une aide américaine face à une menace terroriste qui s’était rapprochée géographiquement, aussi bien au Levant qu’au Sahel.
Cette asymétrie n’a cessé de se renforcer depuis la chute du califat territorial de Daech et l’adoption d’une posture stratégique américaine désormais presque entièrement tournée vers la compétition stratégique entre puissances, et notamment face à la Chine. Pour Washington, la lutte contre le terrorisme n’a cessé d’être rétrogradée dans la liste des priorités de sécurité nationale (1). La gestion catastrophique du retrait américain d’Afghanistan a sans aucun doute été l’illustration la plus éclatante de ce désintérêt, laissant quelque peu désemparés des alliés d’Europe et d’ailleurs qui ne peuvent quant à eux se permettre de tourner le dos à une menace qui s’est enkystée à leur voisinage et au cœur même de leur société.
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