La CIA s’est intéressée très tôt à l’Afghanistan, carrefour entre l’empire soviétique, la Chine de Mao et l’Inde. Aujourd’hui, après le départ définitif des troupes américaines, la Chine pourrait y jouer un rôle essentiel économique, politique, voire militaire, ne serait-ce que pour protéger ses intérêts.
L’approche de la CIA en Afghanistan (1979-2021)
The CIA’s Approach in Afghanistan (1979-2021)
The CIA was interested in Afghanistan from a very early date, since it sits at the crossroads of the Soviet empire, Mao’s China and India. Now, after the final departure of US troops, China could begin to play an essential role—economic, political or even military—if only to protect its own interests.
L’Afghanistan est une zone prioritaire pour la CIA (Central Intelligence Agency) et ce dès les années 1950 (1) en raison de l’influence grandissante de deux ennemis que sont l’Union soviétique (URSS) et la République populaire de Chine (RPC) qui partagent leurs frontières avec le pays. En atteste le document déclassé NIE 53-54 qui présente l’Afghanistan comme « highly vulnerable to Soviet pressures » (2).
L’intérêt de la communauté du renseignement américain s’est renforcé en 1973, lorsque la république d’Afghanistan a été proclamée après que Mohammad Daoud Khan eut déposé son cousin, le roi Mohammad Zaher Shah, à la suite d’un coup d’État non violent. Daoud s’efforce de moderniser le pays avec l’aide de l’Union soviétique et des États-Unis, qui tentent tous deux de gagner en influence dans cette partie du monde, respectivement pour accroître l’influence du communisme et pour créer un avant-poste américain à la frontière de l’URSS (Asie centrale soviétique à cette époque).
La situation se détériore rapidement à la fin des années 1970 et le Kremlin organise une intervention militaire dans le pays, estimant sa suprématie technologique suffisante pour assurer une victoire rapide. Cette guerre, qui durera près de dix ans (du 24 décembre 1979 au 15 février 1989), aura des conséquences sur le monde moderne dans la mesure où elle conduira les radicaux islamistes à nouer des liens avec le Pakistan voisin, seul pays musulman doté de l’arme nucléaire, accentuera le trafic d’armes entre l’Afghanistan et la Chine via le corridor du Wakhan et donnera naissance au terrorisme international, dont l’exemple le plus frappant est la création d’Al-Qaïda et les attentats du 11 septembre 2001 à New York.
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