Le territoire correspondant à l’Afghanistan d’aujourd’hui a constitué un enjeu essentiel entre la Russie des tsars et l’Empire britannique, car il permet de contrôler l’Asie centrale. Les antagonismes entre les deux puissances ont abouti à un « Grand Jeu » aiguillonné par les rivalités ethniques spécifiques à ce pays de tribus guerrières.
Le « Grand Jeu » afghan entre Russes et Britanniques
The Afghan Great Game Between Russians and British
The territory that makes up today’s Afghanistan was long an area of high stakes between Tsarist Russia and the British Empire, since he who holds it can control Central Asia. Antagonism between the two powers led to a Great Game, spurred on by the ethnic rivalry peculiar to this land of warrior tribes.
Situé au confluent des marches de deux Empires, britannique et russe, l’Afghanistan ne peut que susciter la convoitise de chacun d’eux, antagonisme qui a pris l’appellation de « Grand Jeu » pour désigner l’affrontement de ces deux puissances qui visent toutes deux à contrôler l’Asie centrale et dont l’Afghanistan en constitue l’enjeu.
C’est ainsi que Lord Curzon, vice-roi des Indes de 1899 à 1906 déclarait : « Turkestan, Afghanistan, Transcaspienne, Perses, pour beaucoup de gens, ces noms évoquent seulement un mystérieux lointain (…) Pour moi, je l’avoue, il s’agit là de pièces d’un échiquier sur lequel se dispute la partie pour la domination du monde ».
Depuis la fin du XVIIIe siècle, sous la conduite de Catherine II, la Russie des tsars a entamé une poussée vers le sud, en direction des mers chaudes dont l’accès lui paraît indispensable à son affirmation de puissance. Face à cette expansion, l’Angleterre verrouille les détroits turcs, intensifie son influence en Perse et accentue la surveillance de la frontière du Nord-Ouest (des Indes) par où peut surgir une menace majeure depuis les « passes » (cols) de la région de Khaybar. À ce titre, et dans cette perspective, le contrôle du carrefour de Kaboul constitue un enjeu stratégique de première importance. Mais à Londres, si cette analyse est partagée par les « tories » (conservateurs), les « wighs » (libéraux) n’y souscrivent guère, Gladstone parlant de « sornettes » à leur évocation.
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