Le programme du MGCS destiné au combat terrestre est confronté à la difficulté de la coopération franco-allemande. Des solutions sont possibles d’autant plus que notre Base industrielle et technologique de défense (BITD) dispose des briques technologiques et pourrait développer plus rapidement un MGCS répondant vraiment à nos besoins opérationnels.
Le Système principal de combat terrestre (MGCS) : quel scénario pour la suite ?
The Main Ground Combat System (MGCS): What Now?
The MGCS programme has fallen prey to difficulties in Franco-German cooperation. Solutions are nevertheless possible, especially given that our DITB already has the technological building bricks and can more rapidly develop a MGCS that meets our particular operational needs.
La « pause » du programme MGCS (Main Ground Combat System) causée autant par des négociations âpres entre Nexter et Rheinmetall sur la « fonction feu » du futur char que par les calendriers politiques compliqués, donne l’occasion de revenir sur les objectifs stratégiques des industriels et des États.
La stratégie allemande
L’Allemagne a trois objectifs avec le MGCS. Devenir l’unique centre de conception et de production de chars en Europe, conserver les positions commerciales acquises avec le Leopard 2 et s’assurer d’une domination absolue au sein de l’Otan en plaçant le MGCS aux États-Unis. Cet objectif monopolistique est la conséquence des restrictions croissantes à l’exportation subies par l’industrie allemande qui voit son périmètre d’action bientôt circonscrit à la seule Otan et à quelques pays associés comme l’Australie. Pour dominer le marché de l’Otan, il faut donc neutraliser la concurrence et le MGCS a amené sur un plateau d’argent une solution à l’industrie d’outre-Rhin. Animal sacrificiel aux yeux des Français, le MGCS devait servir de monnaie d’échange à Dassault pour asseoir sa domination sur le système de combat aérien du futur (Scaf), jusqu’au moment où les Allemands montrèrent un appétit féroce sur ce sujet aussi. À la fin de l’année 2021, même les européistes les plus béats ont enfin compris les buts de guerre industrielle allemands (1) et, en réaction, les plus hautes autorités françaises ont commencé à évoquer des doutes sur le bien-fondé de la coopération et sur ses conséquences. Ce fut d’abord Mme Parly pour qui « Rheinmetall a, vis-à-vis de ses deux partenaires industriels Nexter et KMW, des exigences en contradiction avec les conditions (initiales) ». Puis le Cemat, le général Schill, alla plus loin en déclarant : « Si le MGCS ne peut pas être réalisé avec l’Allemagne, il faudra soit envisager un programme franco-français, soit s’appuyer sur la communauté Scorpion (synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation) tournée vers le Benelux. De toute façon, il faudra aboutir à la construction d’un nouveau char », tout en réaffirmant que « dans les prochains mois, il sera primordial de redonner l’impulsion nécessaire à l’avancement du MGCS ». MGCS est l’un des cinq axes capacitaires identifiés dans le cadre de la démarche Titan qui doit préparer l’Armée de terre à « pénétrer les espaces contestés et à s’y maintenir pour vaincre ».
Un autre événement plus industriel pourrait quelque peu changer la donne. KNDS et Leonardo sont entrés en discussion au sujet d’Otomelara, fabricant de tourelles terrestres et navales italiennes. Rome pourrait négocier ce rachat contre l’assurance d’obtenir une part dans le MGCS. La spécialisation d’Otomelara pousserait vers des activités dans l’armement du MGCS, mais l’architecture en système de systèmes du concept peut ouvrir d’autres options. Côté Nexter, la perspective de faire entrer l’italien dans la conception des tourelles permettrait de tenir Rheinmetall à distance. Le volet défense du traité du Quirinal récemment signé entre la France et l’Italie ouvre des portes de coopération.
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