L’Afrique tient une place importante dans la stratégie chinoise et ce, dès Mao. Aujourd’hui, Pékin voit de nombreux avantages géopolitiques à affirmer son rôle sur le continent africain, à diffuser son propre modèle politico-économique et à se créer un réseau d’États inféodés.
L’Afrique dans la stratégie chinoise
Africa’s Place in Chinese Strategy
Since the days of Mao, Africa has held an important place in Chinese strategy. Today, Beijing sees numerous geopolitical advantages in affirming its role on the African continent—in spreading its own politico-economic model and creating a network of vassal states.
Au cours de la décennie passée, le rôle et la présence de la Chine sur le continent africain se sont développés si remarquablement que certains ont décrit l’Afrique comme le « deuxième continent chinois » (1). Première partenaire économique et commerciale, bailleresse de fonds et bâtisseuse d’infrastructures, la Chine a également renforcé sa présence sécuritaire, notamment avec la mise en place de programmes d’assistance et l’établissement de sa toute première base navale à Djibouti en 2017.
Au-delà du simple constat de l’extension des domaines d’activités chinoises en Afrique, que sait-on de la place de l’Afrique dans la stratégie chinoise ? Une telle stratégie existe-t-elle ? Par commodité de langage, les observateurs extérieurs qualifient parfois les initiatives chinoises de « stratégie ». Or, les Livres blancs et autres documents officiels, de même que les décisions adoptées par le Forum sur la coopération Chine-Afrique (Focac), la principale plate-forme utilisée depuis vingt ans pour encadrer les relations entre la Chine et les pays africains, ne constituent pas, en soi, une stratégie. L’opacité inhérente à la direction politique de l’État-parti chinois empêche d’établir de façon définitive l’existence même d’un tel plan, de ses composantes ou de sa finalité. Toutefois, une étude approfondie des analyses émanant des cercles intellectuels au service du processus décisionnel chinois peut offrir un aperçu des discussions internes liées à la stratégie africaine de la Chine. C’est l’objet d’une étude publiée récemment aux États-Unis, sur la base de laquelle cet article se fonde (2).
Le développement d’une stratégie africaine s’inscrit dans la nouvelle vision globale, doublée d’une « diplomatie de grande puissance », adoptée lors du 18e Congrès du Parti communiste chinois (PCC) de 2012. Les discussions internes que les experts chinois entament alors sur l’Afrique se placent aussitôt dans une perspective géostratégique. Le continent africain y est envisagé comme une pièce indispensable dans la compétition opposant la Chine à l’Occident, avec les États-Unis en principale ligne de mire. La finalité de la stratégie semble être l’intégration du continent dans un nouveau sous-système, comprenant la majorité des pays du « Sud », dans lequel la Chine serait la puissance dominante. Certains analystes suggèrent en outre que les pays africains seraient plus enclins à rejoindre volontairement ce nouvel ordre sinocentré s’ils étaient encouragés à adopter certains éléments du modèle politique et économique chinois.
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