Cet article reprend les idées que l'auteur avait présentées, il y a quelques mois, dans deux livraisons de la Revue des Deux Mondes. Il nous a paru intéressant de donner à nos lecteurs cet aliment à leur réflexion, dans le contexte actuel de notre défense.
L'avenir de la dissuasion
Ces dernières années, les pacifistes, objecteurs de conscience et antimilitaristes chroniques, au lieu de défiler sous des banderoles réclamant la mise hors la loi de l’atome militaire, auraient bien fait de brûler des cierges aux portes des centrales nucléaires. En effet, sans cette arme nouvelle, il y a fort à parier qu’un troisième conflit mondial majeur eût depuis longtemps opposé les deux blocs et ravagé une nouvelle fois la planète. Nous disons « majeur », car il nous semble évident que le troisième conflit mondial se déroule sous nos yeux sur le mode mineur ou indirect depuis déjà pas mal d’années… Mais comme il se développe à l’extérieur des remparts, les Gaulois ne s’en rendent pas compte. Pas encore…
À l’origine, la dissuasion nucléaire était une affaire de mathématiques : quand deux adversaires étaient face à face, il suffisait, pour qu’opère son charme discret, que le plus faible fût en mesure de causer au plus fort des dommages supérieurs à l’enjeu qu’il représentait ou était estimé représenter. Maintenant, la dissuasion est devenue au fil des ans un mythe sacré, un dogme, qui a inspiré une littérature surabondante, souvent confuse ou sophistiquée. C’est peut-être pour cette raison que bien des hommes politiques, et derrière eux les partis qu’ils représentaient, ont mis une bonne vingtaine d’années à appréhender la dialectique de la dissuasion. Or, l’atome n’est ni de droite, ni de gauche. Il appartient à celui qui sait s’en servir.
La dissuasion est donc la clé de voûte qui maintient la paix entre les nations principales. Elle conditionne depuis une vingtaine d’années un certain rapport de force entre les deux blocs, particulièrement depuis le moment où l’URSS et les États-Unis ont été en mesure de se causer des dommages intolérables sur leurs territoires réciproques. De ce fait, indirectement, la dissuasion sous-tend également les relations politiques entre les puissances ainsi que les situations internationales qui surgissent sous nos yeux comme des scénarios successifs. Car le monde, telles les figures qui se font et se défont dans un kaléidoscope qu’on secoue, change parfois brutalement de contours et de couleurs. À dire vrai, depuis quelque vingt ans il aurait une certaine tendance à rougir…
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