Le conflit engagé le 24 février est de grande amplitude et couvre tout l’éventail de la guerre, de l’hybridité à la guérilla en y incluant les dernières générations d’armes high-tech, d’où le risque d’un dérapage permanent et la prolongation dans le temps d’une crise majeure et meurtrière.
Conflit de grande amplitude, risque high-tech et de guérilla
A Large-Scale Conflict with High-Tech and Guerilla Risks
The conflict which began on 24 February is large in scale and covers the whole range of warfare, from hybrid to guerilla, including the latest generations of high-tech weapons. There is therefore a risk of permanent loss of control and of longer-term continuation of a major, murderous crisis.
Le conflit engagé par la Russie en Ukraine, depuis le 24 février, fait résonner le bruit des armes et redynamise les opérations informationnelles de toute nature. Cette accentuation intervient alors que, bien que le facteur temps soit crucial pour les Ukrainiens, militaires et civils, qui combattent les troupes russes, les Occidentaux peinent à installer rapidement des sanctions efficaces.
Outre l’exclusion du système SWIFT (1), le gel des avoirs de plusieurs entreprises et personnalités, dont ceux du président Poutine et de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov (2), les interdictions de VISA et l’interdiction de survol de leurs territoires (3), les Occidentaux pourraient faire peser des sanctions économiques sur les industries de défense russes. Ce sujet interroge sur les moyens d’action sur ce secteur et, en filigrane, sur le recours à des armes qui emploient de nouvelles technologies, tout particulièrement dans l’hypothèse où le conflit viendrait à s’étendre. Enfin, il interroge sur les prochaines étapes de la guerre.
Frapper les industries de défense
La Russie a consenti un effort considérable pour moderniser son armée. Alors que les programmes de réforme militaire de 2004 (4) et de 2008 (5) ont permis de moderniser l’armée, le recours aux habituelles techniques de l’influence a contribué à structurer l’imaginaire collectif autour des représentations de modernité, de performance et de puissance des forces militaires russes (6). À ce titre, plusieurs effets d’annonce ont parfaitement atteint leur objectif en matière d’effet cognitif, enlever à l’envie la crainte et parfois l’admiration concernant les performances de l’armée. Le cas du lancement d’unités uniquement constituées de drones en est une illustration (7). Si cette annonce a défrayé la chronique, l’effet des Uran-9 sur le terrain syrien n’avait pas été à la hauteur des espoirs qu’ils avaient suscité (8). Cependant, même en gardant à l’esprit que le PIB de la Russie est inférieur à celui des grandes nations, la mise sur pied de l’armée 2.0 en a absorbé une part significative, passée de 2,84 % en 2010 à 4,26 % en 2020, amenant en 2016 le général Dunford, alors qu’il allait devenir Joint Chief of Staff, à la déclarer « menace existentielle » en devenir (9). En particulier, la modernisation de l’armée russe lui a notamment permis de disposer de brigades rapidement mobilisables, associant l’infanterie de marine, les forces aéroportées et les forces spéciales. En dépit d’une répartition inégale du matériel neuf ou de haute technologie, l’objectif poursuivi visait à restructurer l’armée et à former son personnel pour la rendre beaucoup plus mobile.
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