Les questions de défense, bien qu’au cœur de la fonction présidentielle, ont perdu de leur importance lors des campagnes électorales. Les équipes des candidats depuis le début du XXIe siècle sont désormais moins au fait des politiques liées à la défense que durant les années 1970-1980, où les débats étaient de haut niveau.
Les élections présidentielles et les questions de défense sous la Ve République
Presidential Elections and Defence Matters under the Fifth Republic
Defence matters, though at the heart of the presidential role, have lost their importance in electoral campaigns. Since the beginning of the 21st century the teams of candidates have been less au fait with policies relating to defence than was the case during the period 1970-1980, a time of serious debate.
Les questions de défense jouent-elles un rôle déterminant dans le choix du président de la République lors des élections présidentielles ? Il est certain que les institutions de la Ve République permettent au Président en exercice d’« incarner » la fonction patriotique, à lui ensuite de l’exercer. La fonction patriotique consiste à défendre les intérêts vitaux du pays et d’assurer sa survie en cas de guerre. Mais il arrive aussi qu’un candidat capte cette fonction patriotique au détriment du candidat sortant qui ne l’incarne plus. La création d’un double consensus sur la défense puis l’affaiblissement des partis politiques à partir des années 2000 a réduit le rôle de cette fonction patriotique dans le choix des candidats. Mais elle peut redevenir déterminante à l’occasion d’une crise internationale grave par exemple.
La constitution de la Ve République et la fonction patriotique
La constitution de la Ve République permet au Président élu, d’incarner la fonction patriotique. L’article 5 de la Constitution précise que le Président « est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités » et l’article 15 qu’il « est le chef des armées. Il préside les conseils et comités supérieurs de la défense nationale ». Mais le plus important, c’est surtout le décret du 14 janvier 1964 qui donne au Président le pouvoir important de déclencher le feu nucléaire. Combien d’électeurs pensent-ils à ce pouvoir considérable que détient le Président lorsqu’ils choisissent leur candidat dans l’isoloir ? Le Président dirige de fait les politiques étrangères et de défense qui relèvent toutes deux de ce que l’on appelle « le domaine réservé » du Président. La constitution de la Ve République accorde au Président tous les pouvoirs nécessaires pour incarner cette fonction patriotique.
Le Président français a aussi la capacité de lancer des opérations militaires extérieures (Opex), sans l’autorisation du Parlement. L’article 35 de la constitution oblige l’exécutif à informer le Parlement de sa décision dans les trois jours qui suivent le déclenchement de l’opération. Un débat peut avoir lieu, mais sans être suivi d’un vote ! Si l’opération se poursuit au-delà de quatre mois, il est alors nécessaire pour l’exécutif d’obtenir l’autorisation du Parlement. En général, même si certaines opérations peuvent être populaires dans l’opinion, elles bénéficient rarement à la popularité du Président.
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