Indo-Pacific Strategy of the United States
Indo-Pacific Strategy of the United States
La centralité de la question chinoise pour l’agenda de sécurité américain est une priorité inévitable des documents stratégiques américains depuis 2017. Dans sa nouvelle stratégie indo-pacifique de février 2022, pensée par le Conseil de sécurité nationale, l’Administration Biden vise à achever la bascule stratégique vers l’Asie amorcée par l’Administration Obama. Les enjeux du réengagement américain sont clairs : réaffirmer la primauté des États-Unis comme leader de la coopération régionale en favorisant un Indo-Pacifique « libre et ouvert », après que l’ère Trump ait favorisé l’ambition chinoise à l’échelle mondiale. L’ambition américaine est d’être au cœur d’un ordre international adapté aux nouvelles menaces, en s’appuyant à la fois sur ses alliés indo-pacifiques (Inde, Japon, Corée du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande, Philippines, Thaïlande) et sur ses alliés européens (Royaume-Uni et UE), dont le rôle qu’ils pourraient jouer est mis en avant pour la première fois (notamment dans le détroit de Taïwan). Cette stratégie multidimensionnelle se distingue par son ambition d’équilibre entre une architecture de sécurité renouvelée et des coopérations diplomatiques et économiques renforcées avec les partenaires régionaux. Pour favoriser une économie connectée, résiliente, propre et équitable, elle s’appuie sur l’Indo-Pacific Economic Framework qui propose pour treize États de la région un cadre normatif exigeant pour les conditions de travail, l’environnement, les infrastructures de qualité et les technologies numériques. Pour favoriser la sécurité régionale considérée comme la clé de voûte des échanges et de la stabilité, la dissuasion intégrée, multi-acteurs et multi-domaines, est la pierre angulaire de la modernisation des alliances pour faire face aux menaces chinoises et nord-coréennes. La dernière dimension de la stratégie insiste sur la résilience régionale face aux nouveaux défis que représentent les crises climatiques et pandémiques. Reste que cette ambition américaine reposant sur le partage de valeurs occidentales devra composer avec les autres acteurs régionaux (Brunei, Cambodge, Laos, Myanmar, Thaïlande ou Vietnam). Sa mise en œuvre risque de se heurter à la vision d’autres acteurs de poids, l’ASEAN, centrale pour la coopération régionale, mais aussi l’Union européenne et la France. En outre, la réception du document pointe la nécessité de clarifications stratégiques, certains dilemmes stratégiques complexes, tels que la frontière sino-indienne, la mer de Chine méridionale ou le cas de Taïwan sont simplement survolés. Si l’Inde est bien mentionnée, il est encore difficile de distinguer ce qui justifie pour l’heure une stratégie indo-pacifique plutôt qu’Asie-Pacifique. ♦