La guerre en Ukraine a vu l’Armée de l’air et de l’espace (AAE) réagir très vite pour renforcer le flanc Est de l’Otan. Depuis un an, les premières leçons ont été prises en compte, soulignant le besoin d’agilité mais aussi le volet capacitaire. Cela conforte également le modèle exigeant d’entraînement pour préparer les conflits de demain.
Réactions et conséquences de la guerre en Ukraine pour l’Armée de l’air et de l’espace
Reactions and Consequences of the War in Ukraine for the Frech Air and Space Force
The Armée de l’air et de l’espace (the French Air and Space Force) reacted very quickly to the war in Ukraine to reinforce NATO’s eastern flank. Over the past year the first lessons learned have been taken into account: they highlight the need for agility and capability, and back up the demanding training programme for preparation for tomorrow’s conflicts.
Le 24 février à 5 h 30, une allocution télévisée russe diffuse un Vladimir Poutine au ton martial qui annonce le déclenchement par la Fédération de Russie d’une « opération militaire spéciale » en Ukraine. Il scelle ainsi les intenses tractations des chancelleries occidentales conduites les semaines précédentes. Cette situation cristallisait tous les efforts politiques et diplomatiques des différents chefs d’État qui visaient à enclencher un processus de désescalade. C’est dans ce contexte qu’en milieu de journée, deux Rafale décollent de leur base-mère et rejoignent un avion ravitailleur, en direction de la Pologne où ils mèneront une mission de défense aérienne au profit de l’Otan. Aussi, nous évoquerons dans une première partie les réactions de l’Armée de l’air et de l’espace (AAE) avant et pendant cette guerre aux frontières de l’Union européenne puis dans une seconde partie, nous étudierons les leçons qu’elle peut en tirer.
Réactions de l’AAE
Par essence très réactive, l’arme aérienne décuple ses capacités à agir vite et loin lorsque son environnement fonctionne en symbiose : des structures de commandement permanentes armées par du personnel entraîné, du matériel en qualité et en nombre suffisant… Depuis le 24 février, ces critères ont été mis à l’épreuve et l’intervention immédiate a été confortée comme atout des forces aériennes, aptes à répondre de manière graduée et toujours réversible à la volonté politique.
Une réactivité hors pair
Avant l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes et sur ordre du Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), l’AAE avait préalablement identifié des capacités à maintenir prêtes à intervenir dans l’éventualité où la Russie passerait à l’offensive. Ainsi quelques avions de combat Rafale étaient déjà préparés, leurs équipages parés, suivant avec attention, en lien avec le centre de renseignement air de Lyon Mont-Verdun, l’évolution de l’ordre de bataille russe déployé aux frontières Est de l’Otan et de l’Ukraine. Cette pré-alerte des moyens aériens est la conséquence concrète de la prise en compte de la menace. Le 24 février vers 4 h 00 du matin, la Russie lance ses premiers missiles de croisière sur l’Ukraine endormie. À 6 h 30, le CPCO ordonne d’armer les avions de combat, en attente dans leur hangarette. Les armuriers se mettent alors en action et engagent une chorégraphie maintes fois répétée pour monter les missiles air-air Meteor (longue portée) et Mica (courte et moyenne portée) sous les ailes des Rafale. Pendant ce temps-là, des réunions de niveau politique ont lieu et vers 11 h 00 tombe le « vert » : la première mission de défense aérienne peut décoller. Deux heures plus tard, les Rafale armés quittent leur base pour rejoindre le ciel polonais, accompagné par un avion ravitailleur décollé d’Istres. Ils réaliseront une mission de Combat Air Patrol (CAP) durant plusieurs heures, commandée et conduite depuis le Centre air de planification et de conduite des opérations (CAPCO), afin de défendre l’espace aérien de l’Alliance atlantique aux côtés d’autres aéronefs des pays de l’Otan partis des quatre coins de l’Europe. Cette réactivité consubstantielle de l’arme aérienne a permis de délivrer un message fort à l’encontre du président Poutine et de montrer la détermination des engagements français envers l’Otan en un temps record.
Il reste 79 % de l'article à lire
Plan de l'article