La consommation importante de blindés détruits par l’adversaire démontre l’intensité des combats avec un taux d’attrition élevée. L’aide occidentale est certes essentielle mais ce sont également les modes d’action qui font la différence sur le terrain. La guerre risquant de se poursuivre, le besoin de blindés ira croissant.
Quelles leçons tirer du conflit en Ukraine dans le domaine blindé ?
Armour: Lessons to be Learned from the War in Ukraine?
The considerable number of armoured vehicles destroyed by the adversary is a demonstration of the intensity of combat and its high attrition rate. Certainly Western aid is essential, but modes of action also make the difference on the ground. The longer the war lasts, the greater will be the need for armour.
Après notre premier article (1) traitant de l’emploi des blindés en Ukraine, papier écrit dans la stupeur de l’irruption de l’événement et avec l’afflux d’informations brutal venant de la zone des contacts, dix mois se sont écoulés et ils permettent de prendre un peu de hauteur sur la façon dont les blindés furent fournis et employés dans les différentes phases de cette guerre.
Alimenter le front
Les historiens et les familiers de la chose militaire moderne savent que l’attrition extrême subie par les belligérants impliqués dans un engagement majeur est une donnée fondamentale de l’intensité observée. En octobre 1973, les armées arabes et Tsahal ont perdu plus de 3 000 chars et encore plus de blindés et pièces d’artillerie en à peine trois semaines (2). Aussi, les 8 000 destructions documentées de véhicules de combat terrestre en dix mois sur le théâtre ukrainien ne doivent pas conduire à des conclusions hâtives sur la pertinence des chars ou plus généralement sur la valeur des blindés que d’aucuns considèrent comme déjà perdus face aux drones et aux missiles antichars modernes.
Pour compenser les pertes, les Ukrainiens comptèrent d’abord sur la manne inespérée (environ 2 500 matériels) laissée aux bords des routes par la soldatesque russe en retraite avant que les livraisons occidentales ne prissent le relais, sans toutefois suffire pour atteindre le niveau de réserve stratégique requis. L’industrie locale, très handicapée par les coupures d’énergie et les destructions, arrive cependant à fabriquer des blindés à roues comme le modèle MRAP (Mine Resistant Ambush Protected) 4x4 Kozak de chez NPO Praktika. Des ateliers de réparation volontairement tenus loin du front pour échapper aux frappes russes, traitent un volume considérable de véhicules blindés et de camions qu’ils reconditionnent dans des configurations acceptables par la troupe. Les alliés de l’Ukraine organisent des centres de maintenance en Slovaquie et en Pologne pour le Maintien en condition opérationnelle (MCO) des systèmes qu’ils livrent. Quand ils ne sont pas trop compliqués, comme les Camions équipés d’un système d’artillerie (Caesar), les Ukrainiens réalisent la maintenance des systèmes chez eux.
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