L’armée ukrainienne, bien qu’inférieure quantitativement aux forces russes, a su compenser son handicap par le recours massif à l’innovation, utilisant toutes les ressources de la technologie. Le champ d’emploi des drones en est une illustration riche d’enseignements, y compris pour les armées occidentales.
Les différentes facettes de l’innovation de l’armée ukrainienne
The Many Facets of Innovation in the Ukrainian Forces
The Ukrainian forces have been able to compensate for their numerical inferiority to Russian forces through massive use of innovation and the resources offered by technology. The employment of drones is one example of this, full of lessons to be learned—for Western forces, too.
Lancée il y a un an, l’offensive générale de la Russie sur l’Ukraine était envisagée par Moscou comme une démonstration de force sans grandes difficultés. Sur le papier, la confrontation ressemblait effectivement à une redite de David contre Goliath, une armée en reconstruction depuis 2014 face à la « deuxième armée du monde ». Douze mois après la tentative ratée de prise rapide de Kiev, cette grille d’analyse s’est avérée plus que simpliste. En raison des nombreux dysfonctionnements et limites internes à l’armée russe, et du mode de gouvernance pratiqué par le Kremlin. Mais aussi en raison de la résistance héroïque du peuple ukrainien et de son armée. Si la résilience et la combativité de ce peuple en armes ont été des éléments clés, sa capacité à innover est également un moteur puissant, surprenant continuellement l’état-major russe et même les soutiens occidentaux de Kiev. Ces innovations d’une « armée MacGyver (1) » sont nombreuses, et autant les fruits d’une réflexion stratégique ancienne au sein de l’Otan que les conséquences de dynamiques internes à l’Ukraine.
Compenser l’infériorité en nombre par l’innovation : l’Offset Strategy à l’œuvre en Ukraine
Arriver à contenir et battre conventionnellement un ennemi numériquement supérieur et avec une plus grande puissance de feu : la problématique de l’Ukraine lors de cette guerre n’est finalement pas très différente de celle rencontrée par les forces de l’Otan dans les années 1970. À cette époque, les États-Unis prennent conscience de la supériorité quantitative des forces du Pacte de Varsovie. Incapable de produire autant de chars ou d’avions que l’URSS (2), l’administration américaine charge la Defense Advanced Reasearch Project Agency (DARPA) de compenser cette infériorité numérique par la technologie. C’est ainsi que naît le programme Assault Breaker, visant à assurer la destruction des renforts soviétiques par des moyens conventionnels alors que la première vague d’attaque serait contenue par les forces sur le terrain.
S’il n’a jamais connu d’application pratique durant la guerre froide, ce programme a néanmoins permis de nombreuses percées technologiques afin d’identifier les cibles dans la profondeur et de les frapper avec précision : avions de renseignement et de guerre électronique Northrop Grumman E-8 Joint STARS, constellation GPS, technologies furtives (3). Une supériorité technologique capable de réduire une armée conventionnelle basée sur la masse à néant, comme l’illustrera la guerre du Golfe en 1991.
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