Introduction
Introduction
En tant que Français, il est toujours délicat de parler de l’« Afrique ». Nous sommes un commode usual suspect. En fait, il nous faut en permanence refaire notre cheminement intellectuel en évitant de tomber dans trois ornières idéologiques récurrentes qui interdisent ou pour le moins rendent difficile tout débat ouvert sur l’Afrique : « l’afro-pessimisme », celui d’une Afrique noire mal partie ou toujours pas partie pour reprendre le titre de l’ouvrage célèbre de René Dumont (1) de laquelle il n’y a rien à espérer et dont on détourne le regard un peu comme ces gens qui ne veulent pas voir les SDF dans la rue qui leur tendent la main ; l’accusation rémanente de tous ceux qui, dans le sillage de François-Xavier Verschave (2), vivent encore et toujours du fantasme de la Françafrique et mettent toutes les difficultés et déficiences africaines sur le seul compte de la colonisation et de ses suites ; et enfin, l’ornière de « l’afro-béatitude », celle de la méthode Coué qui résonne parfois à Addis-Abeba, entretenue par certains illuminés occidentaux qui voient une Afrique dopée par une croissance économique insolente se dirigeant à grand pas vers un horizon radieux, seulement ralentie par la cupidité et l’héritage des puissances extérieures ! Hobbes et Rousseau ne sont jamais bien loin !
En réalité, dès que nous parlons de l’Afrique et – au-delà du langage agréé et politiquement correct – il y a 4 visions qui ne sont d’ailleurs pas exclusives les unes des autres, entre lesquels nous naviguons :
– Une Afrique « continent en marge » des affaires du monde entendues comme la mondialisation, la grande politique, la grande stratégie : elle est alors quasiment ignorée sauf cas très particulier.
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