La Russie est très active en Afrique, en s’appuyant sur les mercenaires du groupe Wagner, notamment en République centrafricaine (RCA) et au Mali. La campagne anti-française est aisément relayée par certaines élites locales, peu regardantes sur les exactions commises par Wagner et sur le pillage des ressources comme l’or.
La pénétration du groupe Wagner en Afrique
Wagner Group Penetration into Africa
Russia is highly active in Africa through reliance on Wagner Group mercenaries, especially in the Central African Republic and Mali. The anti-French campaign is freely relayed by some local leaders little moved by Wagner’s abuses and pillage of local resources, such as gold.
Depuis les années 1990, on assiste à une prolifération des Sociétés militaires privées (SMP) qui agissent dans les principaux théâtres d’affrontements. Cette nouvelle forme de mercenariat emploie des « contractuels » qui ne sont pas incorporés dans l’armée régulière d’un État. Ces officines de la sous-traitance de la guerre sont aujourd’hui utilisées par certains pays comme unités supplétives dans le jeu trouble des conflits. Cette politique de privatisation de la force militaire, d’abord mise en œuvre à grande échelle par les Américains en Irak et en Afghanistan, est pratiquée aussi par la Russie. Depuis une décennie, Moscou envoie des guerriers de fortune non seulement en Syrie et en Ukraine, mais également en Afrique où la pénétration du groupe Wagner a pris une importance significative, susceptible de modifier, au détriment de la France, les grands équilibres stratégique, politique et économique de ce continent en pleine mutation.
L’emploi controversé des mercenaires russes
L’utilisation des SMP russes se heurte à un énorme paradoxe : elles n’ont pas le droit de Cité en vertu de l’article 359 du Code pénal russe qui interdit les activités militaires à l’étranger en dehors de celles menées par les forces régulières. Cette ambiguïté a été dénoncée par un groupe de vétérans qui a lancé une plainte auprès du Tribunal pénal international (TPI) contre les responsables des firmes qui envoient des mercenaires russes à l’extérieur du pays. Leur porte-parole, Evgueni Chabaiev, le chef d’une communauté cosaque, a demandé une reconnaissance officielle par l’État de ces « contractuels » qui n’ont pas d’existence légale (1). Il est vrai que ces stipendiés sont souvent utilisés pour accomplir les sales besognes et que leurs pertes au combat n’apparaissent pas dans les bilans. Malgré cette controverse, les groupes paramilitaires russes restent nombreux. Parmi les principaux : Slavonic corps (immatriculé à Hong Kong), RBS Group (immatriculé à Moscou) et surtout Wagner (QG à Saint-Pétersbourg) qui a élargi ses activités en Afrique.
L’entreprise Wagner est la propriété du richissime Evgueni Prigojine qui en assure le financement. Ce proche de Vladimir Poutine préside aussi l’agence de communication IRA (Internet Research Agency), véritable navire amiral des usines à trolls (pirates informatiques qui submergent les réseaux sociaux de messages fallacieux). Ces actions de désinformation sont notamment alimentées par la mise en place sur la Toile d’une pléthore de bots, ces robots informatiques qui sont programmés pour exécuter de manière répétitive des opérations malveillantes sans intervention d’un opérateur. La propagande mensongère menée par des équipes expertes dans l’art de l’intoxication est très active en Afrique. Les manipulateurs visent surtout la France dont ils dénoncent les soi-disant méfaits de sa politique colonialiste. Pour ce faire, ils s’appuient sur des personnalités qui diffusent un discours anti-français dans le but de convaincre les gouvernements locaux et la population de chasser les anciens colonisateurs et de les remplacer par des contingents russes, comme les soldats de Wagner, jugés plus efficaces.
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