Le sabordage de la Flotte à Toulon en 1942 est venu s’ajouter aux traumatismes de Mers el-Kébir et de Dakar. Les bâtiments qui restent sont endommagés et/ou dépassés. Grâce aux Alliés américains et britanniques, la Marine se remet en ordre de bataille pour participer aux opérations de la fin de la guerre.
Histoire militaire - Le réarmement français en 1943
Military History—French Rearmament in 1943
The scuttling of the fleet in Toulon in 1942 added further pain to the traumas of Mers el-Kébir and Dakar. The remaining warships were either damaged or outdated. With help from American and British allies the Navy was back in the order of battle in time to take part in operations towards the end of the war.
En 1952, évoquant les évènements d’Afrique du Nord de 1942 lors de son discours de réception à l’Académie française, le maréchal Juin s’exprimait ainsi : « Et c’est ainsi, qu’en novembre 1942, en présence de circonstances qui avaient commencé à fausser le jeu normal de l’exercice du commandement et des responsabilités, il eut à faire en sorte que l’Armée française, enthousiaste et rassérénée, se retournât contre l’ennemi, qu’elle seule, pouvait alors contenir en Tunisie ».
C’est ainsi que l’« Armée de transition », mise sur pied par Weygand en Afrique du Nord, reprit sa place dans l’ordre de bataille des armées alliées. Toutefois, il s’agissait alors d’une armée encore équipée selon les normes de 1939, et souvent sans que les unités ne fussent effectivement alignées sur leurs dotations théoriques. La « nouvelle armée française » avait donc un urgent besoin de modernisation, que seul l’allié américain pouvait fournir et prendre à sa charge. Cette question fut inscrite à l’ordre du jour de la Conférence d’Anfa (1) (14-24 janvier 1943), conférence au sommet qui réunissait Churchill et Roosevelt, et à laquelle furent invités Giraud et de Gaulle. L’approche des deux généraux français était différente. Giraud raisonnait en « militaire » et cherchait à pouvoir disposer du maximum de grandes unités (GU), tandis que de Gaulle restait dans une logique beaucoup plus politique : au fond, il n’accordait qu’une importance relative au nombre exact de divisions françaises qui seraient ainsi mises sur pied. Pour lui, l’armée modernisée demeurait un outil de souveraineté qui permettrait à la France de reprendre sa place au combat, et donc, d’être reconnue en tant qu’allié de plein droit. Pour de Gaulle, refonder un outil militaire national, permettant de participer à la libération du territoire et de marcher au Rhin, revient à se servir de l’armée comme d’un outil politique, même si celui-ci se trouve intégré au sein d’une coalition. Giraud, quant à lui, ne raisonne qu’en termes opérationnels et l’aspect politique d’outil régalien que représente toute armée lui importe peu, et même, lui échappe totalement. Toute la nature du conflit à venir entre les deux généraux s’exprime dans cette différence de logique (2). D’autant que pour de Gaulle, il est évident que la prééminence du politique sur le militaire doit constituer le principe du relèvement de la France.
Dans ce conflit, très présent début 1943, entre les deux conceptions qui vont s’opposer jusqu’à la crise de la libération de la Corse en octobre 1943 – opération strictement militaire décidée et conduite par Giraud seul, sans aval politique, ce qui aboutira à son éviction du CFLN – les Américains choisissent bien évidemment Giraud. Pour faire simple, Giraud veut seulement remettre l’Armée française au combat, tandis que de Gaulle veut faire rentrer la France dans la guerre pour qu’elle puisse s’asseoir en tant qu’État souverain à la table des vainqueurs à l’issue de la guerre.
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