L’Armée de l’air va bénéficier de l’aide américaine pour se reconstruire tout en changeant de doctrine sous l’impulsion du général Bouscat, en se détachant de la tutelle de l’Armée de terre et du général Giraud, aux conceptions obsolètes quant à l’emploi de l’arme aérienne. Ce réarmement a permis une modernisation qui aboutira après 1945.
Histoire aéronautique - À l’école de la guerre aérienne moderne : la reconstruction de l’Armée de l’air française en 1943
Aeronautical History—The School of Modern Air Warfare: Reconstruction of the French Air Force in 1943
The Air Force had the benefit of American aid for its reconstruction, and at the same time its doctrine was changed under the direction of General Bouscat by separating it from the authority of the Army and General Giraud, and their obsolete ideas over the use of the air arm. This rearmament led to a period of modernisation which was achieved after 1945.
En novembre 1942, l’opération Torch en Afrique du Nord (AFN) provoque des affrontements entre les forces anglo-américaines et françaises. Les hostilités durent 72 heures avant que l’Amiral Darlan, commandant en chef des forces de Vichy, ordonne la cessation des hostilités. Plusieurs combats aériens ont lieu entre les aviateurs alliés et français qui ont été réveillés par le bombardement de leurs terrains. Beaucoup de soldats français n’attendaient pourtant qu’une chose : reprendre le combat contre l’Allemagne même s’ils restaient, dans leur immense majorité, attachés au régime de Vichy. Alors que de nombreux pilotes ont exécuté l’ordre formel de s’opposer à l’invasion anglo-américaine et sont tombés au combat, les unités américaines sont ensuite dans l’ensemble bien accueillies sur les terrains français (1). Le 15 novembre, alors que le groupe II/5 La Fayette est stationné sur le terrain de Casablanca, le colonel Harold B. Willis, ancien pilote de la Première Guerre mondiale et de l’Escadrille N 124 La Fayette, aperçoit les Curtiss P-36 ornés d’une tête de Sioux sur le parking. Il se fait présenter le commandant du groupe et les pilotes, et déclare : « Ce groupe va renouveler le geste symbolique d’avril 1916 et reprendre le premier la lutte contre le Boche. Son personnel français combattra sur du matériel américain, sous commandement américain ». Dix jours plus tard, le La Fayette reçoit 25 Curtiss P-40 Warhawk (2). Le général Giraud veut affecter le groupe au XIXe corps d’armée français qui avait repris le combat en Tunisie contre l’Afrikacorps de Rommel, mais il est obligé d’accepter son placement sous l’autorité alliée au sein de la North West African Air Force qui regroupe les unités aériennes anglaises et américaines sur le front de Tunisie où elle appuie les opérations du 18e groupe d’armées du général britannique Harold Alexander.
Ce réarmement symbolique d’un groupe de chasse français qui reprend ensuite immédiatement le combat contre l’Allemagne ne préfigure cependant pas le rééquipement du reste des forces aériennes en Afrique qui s’avère long et sinueux mais permet l’éclosion d’une nouvelle armée de l’air au contact des alliés.
Un réarmement qui se fait attendre
En janvier 1943, la Conférence d’Anfa entérine officiellement le principe d’un réarmement des forces françaises d’Afrique. 900 avions ont été demandés aux Alliés par le général Giraud, commandant en chef civil et militaire en Afrique du Nord, ce qui est sensiblement plus que les 700 avions qui, avant l’opération Torch, équipaient l’Armée de l’air en AFN avec 7 groupes de chasse, 9 groupes de bombardement et 4 groupes de reconnaissance, même si l’on tient compte des 6 groupes basés en AOF qui ont repris la lutte. Cependant, trois facteurs retardent le réarmement des unités aériennes françaises.
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