Si les années 1990 et 2000 ont été celles d’une croissance commune pour l’Amérique centrale, différentes crises ont mis un frein à la dynamique de l’intégration régionale. Le Salvador de Nayib Bukele qui va prendre en juin la présidence du SICA espère lui donner un second souffle.
Amérique latine - Défis et perspectives de l’intégration de l’Amérique centrale
Latin America—Challenges and Perspectives for Integration in Central America
Although the 1990s and 2000s were decades of growth in general for Central America, various crises have slowed the momentum of regional integration. Nayib Bukele, the President of El Salvador who will take up the presidency of SICA (the Central American Integration System) in June, hopes to give it a second wind.
L’Amérique centrale est plus que jamais à la croisée des chemins : la Covid-19, les migrations, l’insécurité, le trafic de drogue, constituent autant d’éléments qui ont alimenté, ces dernières années, une fragmentation politique ayant freiné la dynamique de l’intégration régionale. Le Guatemala, le Honduras, le Belize, El Salvador, mais également le Nicaragua, le Costa Rica et le Panama ont privilégié ces dernières années, un agenda national qui, mécaniquement, a relégué au second plan, une intégration centraméricaine qui avait été, pourtant, une priorité au sortir des conflits internes des années 1980.
Le Protocole de Tegucigalpa avait été signé dans le but de créer le Système d’intégration régionale en décembre 1991 : la coopération économique, étendue au développement et à la démocratie, devait favoriser l’émergence d’un espace commun, marqué par la mise en place d’un nouveau contrat social. L’Amérique centrale sortait alors, de la logique de la guerre : El Salvador, le Guatemala s’étaient enflammés durant les années 1980 emportés par des conflits internes opposant les gouvernements aux guérillas, respectivement FMLN-FDR (1) et URNG (2). Les accords de paix de Chapultépec en 1992 et de Guatemala Ciudad en 1996, concluaient cette période tandis que le Nicaragua (3) avait vécu une alternance dès 1990 avec l’élection de Violeta Chamorro, à la présidence de la République. Dans ce contexte, le Honduras n’était plus une base arrière américaine dans un environnement bipolaire caractéristique de la guerre Est-Ouest tandis que le Costa Rica consolidait sa position de pays médiateur, en axant désormais son projet de développement national sur l’environnement. Le Panama, après l’opération américaine Just Cause (4) en décembre 1989, redevenait un espace empreint de libéralisme économique.
C’est dans ce contexte particulier que la relance de l’intégration économique a resurgi : la volonté de redonner un sens à une unité régionale, sur la base d’une croissance économique favorisée par des infrastructures et la reconstruction, a contribué à une dynamique qui s’inscrivait dans une démarche politique. Les années 1990 et 2000 étaient celles d’une approche économique libérale : l’accent était mis sur la croissance du PIB, de nouvelles infrastructures urbaines et le développement des échanges inter-régionaux. Les services devenaient le secteur économique dominant. La croissance avoisinait les 5 % tandis que les accords de coopération avec les États-Unis ou l’Europe se renforçaient.
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