Les normes internationales font désormais l’objet d’une contestation par certaines puissances, elles-mêmes ayant bénéficié de ce corpus normatif pour s’intégrer dans le jeu international. La difficulté est que cette remise en cause provient souvent de régimes autoritaires peu enclins à accepter les opinions publiques.
Contester l’ordre international par les normes : perspectives théoriques
Contesting the Standards of the International Order: Possible Perspectives
International norms and standards are being challenged by a number of countries which have themselves benefited from those very standards in order to become recognised within the international system. The difficulty is that such questioning often originates comes from authoritative regimes which are unlikely to take account of public opinion.
Affirmer que l’ordre international libéral fait l’objet de contestations est aussi banal qu’inutile si le propos n’est pas spécifié. Plusieurs questions peuvent être posées afin de donner du corps, et si possible du sens, à ce constat : qu’est-ce qui est contesté ? Quels sont les acteurs au centre de ce processus et quels sont leurs leviers ? Quel est l’état final recherché ? Parmi les pistes à explorer, celle du rôle des normes permet de cadrer le sujet de manière fructueuse.
Cet article propose de restituer certains éléments des discussions théoriques qui s’y rapportent au sein de la discipline des Relations internationales. Bien qu’une multitude d’approches puisse être mobilisée pour ce faire, une opposition entre deux d’entre elles est particulièrement éclairante. En l’occurrence, le constructivisme permet de penser le lien entre statut, normes, puissance et ordre international de telle manière qu’il constitue une piste plus fertile que celle que représente l’approche néoréaliste.
La puissance avant les normes : la perspective réaliste
Dans sa plus notoire et influente version, le réalisme ne fait pas des normes internationales et de leur éventuelle remise en cause un enjeu crucial, ni même important. À en croire les tenants de cette approche, que l’on nomme néoréalisme (1), les relations internationales se caractérisent par l’absence d’autorité régulatrice globale au pouvoir effectif. En d’autres termes, il n’y a pas d’État au-dessus des États. Livrés à eux-mêmes, les États ont de bonnes raisons de craindre pour leur sécurité, qu’ils s’attachent à garantir en étant attentifs à leur propre puissance, tout comme à celle des autres. L’édifice normatif international ne constitue pas leur priorité. Pas tous d’accord entre eux sur la quantité de puissance optimale que les États doivent viser pour qu’ils puissent garantir leur sécurité, les néoréalistes se rejoignent néanmoins sur le fait que la question des normes est secondaire.
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