Le commerce international a subi une profonde mutation après 2008 et est devenu un nouveau théâtre des conflits stratégiques et des rivalités entre puissances. Les principes de libre-échange sont remis en cause avec une guerre technologico-économique, en particulier entre les États-Unis et la Chine. La mondialisation économique est mise à mal.
Le commerce international, nouveau théâtre des conflits géostratégiques
International Trade: a New Theatre of Geostrategic Conflict
International trade has undergone considerable change since 2008 and has become a new theatre of strategic conflict and rivalry between powers. The principles of free trade are being tested in a war of technology and economics, waged in particular between the United States and China. Globalisation of the economy is suffering.
Les États-Unis de Joe Biden ont-ils encore une véritable stratégie commerciale ? Près de trois ans après la prise de fonction du Président démocrate, cette question continue à animer les débats sur l’avenir du système commercial international. Ceci tient à trois facteurs : i) le maintien par défaut des sanctions douanières imposées par Donald Trump à l’encontre de la Chine ; ii) l’ambivalence de Washington vis-à-vis de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ; iii) les contours flous des nouveaux accords commerciaux en cours de négociation.
Si la stratégie Biden est source d’autant de spéculation et de confusion, c’est principalement parce que le logiciel de la politique commerciale américaine et, avec lui, la trajectoire de la mondialisation économique ont profondément changé dans un contexte international marqué par une succession de crises : financière, climatique, sanitaire, militaire. Impossible donc d’en saisir les récents développements en appliquant la même grille d’analyse qu’à l’ère de la mondialisation galopante ou de la libéralisation compétitive (début des années 1990 à la crise de 2008), doctrine qui s’est lentement essoufflée pendant les années 2010 pour disparaître sous la présidence de Donald Trump. Ce dernier n’a pas, à lui seul, révolutionné la diplomatie économique : il a, à la fois, révélé des tendances en gestation lente et impulsé de nouvelles orientations. Le rapport des États-Unis à la mondialisation se retrouve aujourd’hui inversé : le fameux « un pas en arrière, pour deux pas en avant » de la politique commerciale américaine est devenu « deux pas en arrière, un pas en avant ».
La politique commerciale américaine a tout d’abord évolué dans sa logique. Après une période d’autonomisation de la diplomatie économique entamée au lendemain de la guerre froide, les enjeux sécuritaires et commerciaux ont progressivement convergé face à la politique interventionniste du président chinois Xi Jinping sur les plans intérieur et international. L’héritage le plus lourd de la diplomatie trumpienne est double : il réside, d’une part dans la fin de la main tendue à la Chine et, d’autre part dans la sécuritisation de la politique commerciale.
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