Editorial
Éditorial
1989 et la chute du Mur mettant à bas le monde soviétique, 11 septembre 2001 et l’émergence de la menace du terrorisme islamiste de masse, 2008 et la crise des subprimes remettant en cause un modèle économique ultralibéral, Printemps arabes de 2011, été 2021 avec le repli occidental en désordre de Kaboul et puis le 24 février 2022 avec l’invasion d’un État souverain, l’Ukraine, par une Russie revancharde et nostalgique de son empire écroulé…
Autant de ruptures remettant en cause l’ordre international dont on s’aperçoit qu’il est en mutation profonde et accélérée. De nouvelles puissances émergent et veulent bousculer les classiques relations entre États, d’autant plus que de nouveaux acteurs non étatiques sont désormais parties prenantes, sans parler des opinions publiques bénéficiant désormais d’un accès quasiment illimité à l’information, qu’elle soit avérée ou manipulée via l’instantanéité des réseaux sociaux.
Ce qui nous amène au dossier « Vers un ordre international alternatif ? » proposé pour ce numéro d’été 2023 et piloté par l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire. Encore une fois, l’Irsem s’est entouré des meilleurs experts, y compris de jeunes doctorants, qui apportent ici des visions croisées riches de leurs réflexions et de leur expérience sur le terrain. La RDN remercie toute l’équipe de l’Irsem tant pour la qualité des travaux réunis dans ce numéro triple, que pour la confiance mutuelle lors de l’élaboration de ce projet.
Comprendre et expliquer ces transformations de cet ordre international doit aussi s’appuyer sur un regard vers l’histoire afin de s’inscrire dans le temps long, c’est tout l’intérêt de la présentation de plusieurs textes issus de nos anciens numéros. Les articles sélectionnés démontrent que la question a toujours existé même si les approches ont bien sûr évolué, comme la notion de « Tiers-Monde ».
En cet été 2023, la barre des 18 mois de guerre en Ukraine sera franchie, sans que l’on voie réellement une sortie de crise. La contre-offensive de Kiev a commencé début juin et sera déterminante, même si on ne sait pas encore si elle permettra d’obtenir des succès militaires suffisamment importants pour alors enclencher un éventuel début de discussions. Le temps reste donc à la guerre.
Certes, l’été n’est pas le meilleur moment pour s’intéresser aux affaires du monde. La pause estivale, largement attendue après une année difficile tant en France qu’ailleurs, ne doit pas faire oublier que l’échiquier géopolitique continue à bouger et à se tendre. À l’Est du continent européen, la guerre ; en Indo-Pacifique, la pression chinoise sur Taïwan ; en Afrique subsaharienne, les déstabilisations de certains États dont les juntes ont fait le choix de Moscou… via Wagner… Autant de foyers de crises et d’escalades potentielles.
Pour autant, bonnes vacances bien méritées à nos lecteurs.