La Républiques islamique d’Iran mène une politique étrangère complexe mêlant contestation permanente de l’ordre international, mais aussi volonté d’une intégration dans celui-ci, afin de préserver la survie du régime. L’accélération de la relation avec la Russie constitue une nouvelle tendance à observer avec attention.
La République islamique d’Iran, au-delà de la contestation de l’ordre international ?
What Lies Beyond Iran’s Challenge to the International World Order?
The Islamic Republic of Iran conducts a complex foreign policy which combines permanent challenge to the international order with the desire to be accepted within it in order to ensure the survival of its regime. Increased effort on its relations with Russia is a new trend to be kept under close observation.
Les « Vienna Talks », commencés en avril 2020 entre l’Iran et les P4+1 (Royaume-Uni, France, Russie et Chine plus Allemagne) sous médiation de l’Union européenne (avec le concours indirect des États-Unis), visaient à rétablir l’Accord multilatéral de Vienne (JCPOA) ou du moins, une forme équivalente de celui-ci. Ces négociations se sont poursuivies dans un contexte de radicalisation de la vie politique iranienne, illustrée par l’élection en 2020 d’un Parlement dominé par le parti d’extrême droite, le « Front pour la stabilité », et l’élection à la présidence d’Ebrahim Raïssi (1) en 2021. Ces pourparlers ont été suspendus en août 2022 par l’Administration Biden, faute d’accord, mais aussi sur pression des Parlements et des opinions nationales respectives.
Ces négociations indirectes, et sans mesures de confiance entreprises par l’Iran, incarnent un hiatus dans la posture de la République islamique d’Iran (RII) entre, d’une part, la contestation de l’ordre international du fait de son identité révolutionnaire et, d’autre part, une volonté d’intégration dans le système international afin d’assurer sa survie économique, son intégrité territoriale et la permanence du régime ; en somme « on négocie mais pas à n’importe quel prix, on boycotte l’Occident, mais pas tout le temps ».
La RII, par son identité étatique révolutionnaire et islamique, est un acteur majeur de la scène contestataire mondiale. Cependant, cette posture est concurrencée dans la pratique et le discours par un désir de normalisation du fait de la nécessité de sécuriser les secteurs économiques (garantie d’exportation du pétrole) et militaires (survie du régime et intégrité territoriale), au détriment d’une emphase sur la sécurité culturelle, à savoir, les aspects identitaires sociétaux et étatiques menacés par l’« hégémonie occidentale ».
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