Depuis le 1^er janvier 2023, jour de son investiture, le président de la République fédérative du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva a investi le champ international. Le contraste avec son prédécesseur, Jair Bolsonaro, est frappant : rupture avec une forme d’isolationnisme renforcé par la pandémie de la Covid-19, relance du dialogue régional comme le démontrait le Sommet de Brasilia du 1^er juin 2023, retour au sein des BRICS, rencontre bilatérale avec les premières puissances globales telles les États-Unis et la République populaire de Chine, tout concourt à porter l’image d’un changement profond. Le président Lula apparaît sur tous les fronts.

Le 3^e mandat ⁽¹⁾ du président brésilien intervient dans un nouveau tempo politique en Amérique latine. Pour la première fois depuis les années 2000, les alternances en faveur de gouvernements de gauche se sont produites dans la majorité des pays. Depuis 2019, alors que les tensions sociales se répandaient, du Chili au Pérou, de l’Équateur à la Colombie, les mouvements issus d’une nouvelle gauche contenaient une dimension environnementale et une volonté de renforcer la reconnaissance multiculturelle des populations. Par exemple, en Colombie, la vice-Présidente, Francia Márquez ⁽²⁾ souhaite que le swahili soit une langue proposée aux écoliers colombiens. 

Le Président brésilien et son homologue chilien, Gabriel Boric, s’appuient sur les représentants des populations autochtones pour appuyer leur volonté de construction d’un nouveau social dans leur pays respectif. Au Pérou, la sévère crise politique qui a secoué le pays durant les premiers mois de l’année, a été provoquée par la destitution de Pedro Castillo ⁽³⁾, le 7 décembre 2022, au terme de 16 mois d’une présidence difficile. Les communautés autochtones se sont révoltées contre la révocation d’un Président issu de leur rang, révélant les fractures sociales au sein de la représentation nationale, touchant les populations indiennes.