Les drones sont devenus d’un usage opérationnel courant avec une extension de leurs champs d’emploi. Bénéficiant des progrès technologiques dont le guidage par GPS, les matériaux composites et l’intelligence artificielle, ils offrent une panoplie de plus en plus diversifiée et leur potentiel de croissance est exponentiel.
Drones et robots : aperçu historique d’une accélération
Drones and Robots: a Look Back at the Acceleration in Development
Drones are now in everyday operational use with greatly extended areas of application. They continue to benefit from technological advances, such as GPS guidance, composite materials and artificial intelligence, and offer an ever-wider range of options: their potential for growth is exponential.
Les conflits de haute intensité en Ukraine mais aussi dans la bande de Gaza ont démontré le rôle indispensable des drones et des robots. Ceux-ci n’ont cependant pas attendu 2022 pour être présents dans les arsenaux des puissances militaires. Depuis longtemps, le drone est devenu d’usage courant tant dans le champ militaire que dans des applications civiles. De l’hélicoptère « jouet » disponible dans les rayons des grandes surfaces, jusqu’à l’engin ayant la taille d’un avion Airbus, le choix n’a cessé de s’élargir apportant de nouvelles fonctionnalités. Pourtant, le paradoxe est que le drone, s’il ne cesse d’évoluer en touchant tout le spectre des milieux – des fonds marins à des altitudes stratosphériques –, n’est pas une nouveauté du XXIe siècle mais le fruit d’une évolution permanente bénéficiant des progrès du positionnement, du guidage et maintenant de l’intelligence artificielle (IA).
Des concepts déjà anciens
Dès la Seconde Guerre mondiale, les progrès technologiques de l’aéronautique et des télécommunications ont vu le développement d’une première génération autour d’engins sans équipage à bord. Dans le domaine aérien, les exemples les plus emblématiques ont été les V1 et V2 développés par l’Allemagne nazie. Les bombes volantes V1 construites à environ 35 000 exemplaires ont, certes, eu des effets destructeurs spectaculaires sans pour autant briser le moral des populations civiles bombardées, principalement en Angleterre. Les fusées V2 ont, quant à elles, ouvert la voie vers l’astronautique et la conquête spatiale, au prix de la souffrance des déportés fabriquant ces engins de mort. Sur le plan terrestre, la Wehrmacht avait développé le Leichte Ladungsträger Goliath, un petit engin chenillé de 370 kg télécommandé par fil qui pouvait parcourir jusqu’à 1,5 km avant que son explosion ne soit déclanchée. Ces quelques exemples montrent que l’idée de ce que l’on n’appelait pas encore drone (1) ou robot était plus qu’une idée d’ingénieur mais bien une réalité opérationnelle. Autonomie, guidage et télécommande étaient déjà les éléments dimensionnants pour arriver à fabriquer un engin utilisable.
La France n’a pas été en reste avec en 1946 la réalisation d’un aéronef cible, le CT.10 dérivé du V1 allemand. Équipé d’un pulso-réacteur, le CT.10 fut utilisé jusque dans les années 1950 avant d’être remplacé par le CT.20 (ci-contre) fabriqué par Nord Aviation. Celui-ci fut fabriqué jusqu’en 1984 avec 1 530 exemplaires produits. Il fut même dérivé un système de reconnaissance, le drone R20, destiné à accompagner les régiments Pluton chargés de mettre en œuvre le missile nucléaire. Le R20 était radioguidé et disposait d’appareils photos pour acquérir des cibles potentielles.
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