La guerre absurde conduite par la Russie contre l’Ukraine nous concerne directement. Moscou déteste notre système démocratique libéral et veut nous affaiblir. Soutenir l’Ukraine est donc essentiel et doit s’inscrire dans la durée, avec une industrie de défense passant en économie de guerre. Nous devons également renforcer notre rôle au sein de l’Otan pour répondre aux menaces.
L’Ukraine, guerre nietzschéenne
Ukraine: a Nietschian War
The absurd war waged by Russia against Ukraine concerns us directly. Moscow loathes our liberal democratic system and seeks to weaken us. Long-term support for Ukraine is therefore essential, and means that defence industry should transition to a war economy. We also need to strengthen our role within NATO in order to respond to threats.
À l’aube de 2024, de sa onzième année depuis son commencement, troisième depuis son extension, la guerre de choix déclenchée par la Russie de Vladimir Poutine contre l’Ukraine de Volodymyr Zelensky a déjà blessé et tué plusieurs centaines de milliers de Russes et d’Ukrainiens – parmi lesquels de nombreux civils –, sacrifié une génération et transformé le plus grand pays européen, hors Russie, en plus grand champ de mines au monde. Dans le contexte d’un ressentiment croissant des pays dits du « Sud global » contre l’Occident et l’ordre international créé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, cette guerre est aussi une offensive politico-idéologique contre la démocratie libérale à l’occidentale. Dans ce contexte, la France doit tenir son rang au sein d’une Otan elle-même revivifiée.
La menace d’un scénario « à la munichoise »
Les derniers mois ont été très durs pour l’Ukraine et les Ukrainiens : le front s’enlise. Les pertes sont lourdes. Du côté russe également, malgré des offensives qui donnent l’illusion d’un ascendant stratégique et psychologique, avec certes, quelques regains territoriaux mais surtout l’intensification de frappes de terreur contre les villes ukrainiennes : la masse pour masquer les faiblesses. Ce choix poutinien du « quoi qu’il en coûte » en termes de pertes humaines, effroyable pour toute la jeunesse russe, pourrait laisser penser que tout se passe comme si Moscou devait gagner tant qu’elle ne perdait pas, et inversement pour Kiev.
Cette perspective de conflit durable conduit certaines voix dans le monde à appeler à des pourparlers de paix. Tels des parlementaires américains et européens, de plus en plus réservés sur des aides financières supplémentaires à l’Ukraine. Tel le président américain Joe Biden qui n’évoque d’ailleurs plus un soutien indéfini mais un soutien « aussi longtemps » que les États-Unis le pourront. Dans cette conjoncture, l’hypothèse plausible, bientôt peut-être probable, d’une élection de Donald Trump serait un game changer : elle pousserait l’Ukraine à précipiter les négociations et remettrait en cause l’organisation de l’Alliance atlantique, avec le développement potentiel d’accords de défense bilatéraux entre les États-Unis et certains pays européens.
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