Les attaques spectaculaires, notamment à Sébastopol, démontrent une stratégie navale ukrainienne audacieuse malgré l’absence de moyens lourds. Des modes d’actions agiles et déjà éprouvés, s’appuyant sur des innovations technologiques permettent d’infliger des pertes humiliantes à la marine russe. La difficulté sera de maintenir l’effort dans la durée.
Sébastopol, témoin de la stratégie navale ukrainienne
Sevastopol, an Example of Ukrainian Naval Strategy
Spectacular attacks, especially those in Sevastopol, highlight a daring Ukrainian naval strategy despite a lack of heavy assets. Agile, tested modes of action supported by technological innovations meant humiliating losses could be inflicted upon the Russian navy. The difficulty will be to maintain the effort in the long term.
Dans la nuit du 12 au 13 septembre 2023, un raid mené par l’armée ukrainienne sur la base navale de Sébastopol a lourdement endommagé le navire de débarquement Minsk, ainsi que le sous-marin Rostov-sur-le-Don, alors tous deux en cale sèche. Derrière cette opération – attribuée à un raid de missiles de croisière – se cache une stratégie navale bâtie sur les fondements historiques des principes de la guerre. Car, en dépit de capacités navales limitées, force est de constater la persistance d’une stratégie navale ukrainienne, dont les modes opératoires ne sont pas sans rappeler ceux des conflits du XXe siècle. Qu’importe l’évolution technologique qui distingue ces procédés, il faut surtout lire en eux l’application de principes invariants de la stratégie, que tout belligérant doit s’attacher à mettre en œuvre pour rechercher la victoire.
La poursuite d’une stratégie navale malgré l’absence de vecteurs traditionnels
Les ambitions navales ukrainiennes semblaient avoir sombré aux premiers jours de l’« opération militaire spéciale » russe : acculée, la marine faisait le choix, le 3 mars 2022, de saborder en rade de Mykolaïv (1) la frégate Hetman Sahaydatchniy (2), navire amiral de la flotte. En fermant ses détroits aux passages des navires militaires, la Turquie ne laisse pas d’opportunité de renfort en unités sur le théâtre que le recours aux fleuves et canaux, à l’avantage des Russes, historiquement familiers de ces voies logistiques (3). Et pourtant, les promesses du ministre de la Défense de l’époque Oleksiy Reznikov semblent aujourd’hui en voie d’être tenues, ou tout du moins envisageables : « Nous bâtirons une nouvelle flotte. Moderne et puissante ».
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