Malgré la guerre, l’Ukraine a pu maintenir une grande partie de sa production agricole. Sous la pression du conflit, ce géant céréalier a dû réorganiser sa logistique pour exporter, tant par la voie maritime que par la voie terrestre, avec l’appui de l’Union européenne. Quoiqu’il arrive, le secteur restera un acteur de rang mondial.
Conflit en Ukraine : paysage agricole redessiné et enjeux du secteur
Conflict in Ukraine: the Redrawn Agricultural Landscape and the Challenges it Presents
Ukraine has managed to maintain a large proportion of its agricultural production despite the war. The conflict has forced this giant cereal producer to reorganise its logistics with the support of the European Union so that exports may continue by sea and by land. Whatever happens, the agricultural sector is set to remain a world-level operation.
Deux ans de conflit, deux ans que la guerre est aux portes de l’Europe mais deux ans qui ont réveillé les consciences. Parmi les secteurs touchés, l’agriculture apparaît comme des plus stratégiques au regard des conséquences pour l’économie du pays, mais aussi pour la sécurité alimentaire mondiale. Le conflit redessine véritablement le paysage agricole ukrainien, rebat les cartes des flux mondiaux, alimente de nombreux débats et bouleverse certains modèles. Les défis agricoles et logistiques s’entrecroisent avec des questions encore nombreuses quant à la suite à donner à ces événements. Force est de constater tout de même que l’Ukraine s’est rapidement adaptée et fait preuve d’une résilience redoutable, ce qui paradoxalement fait bouger les lignes et les convictions de chacun.
Un géant agricole dans la tourmente
Un temps le grenier à blé de l’Europe, l’Ukraine continue d’affirmer sa puissance agricole et compte véritablement sur l’échiquier mondial. En 2021, le pays apparaissait au 4e rang des exportateurs de blé et de maïs, au 3e rang en colza et de loin le leader mondial de l’huile de tournesol. De tels chiffres montrent à quel point ce secteur est stratégique pour le pays, conduisant de nombreux opérateurs à mettre en avant l’agriculture dans le conflit actuel. Néanmoins, comme souvent en cas de conflit armé, la guerre de territoire prévaut et agricoliser outre mesure le conflit pourrait être contre-productif. Difficile pourtant de passer outre ces statistiques : 20 % du pays est occupé, soit environ 25 % de la production de blé ou encore 30 % de la production de tournesol. Les Oblast annexés à l’est seront longtemps confrontés à la pollution, la vitalité des sols et la présence de mines.
Inévitablement, la production a chuté, fragilisant un pan de l’économie générant en 2021 près de 15 % du PIB du pays. Pour preuve, les volumes produits en blé, orge, maïs, colza et tournesol ont atteint 106 millions de tonnes en 2021 pour tomber à 70 Mt en 2022 et 78 Mt en 2023. Un repli de - 28 % est enregistré en maïs entre 2021 et 2023 quand il est de - 38 % en orge ou encore - 32 % en blé. Un temps concerné par le manque de fuel et d’intrants nécessaires à la conduite optimale des cultures, la majorité des entreprises a pu profiter de l’aide internationale et ne fait, à ce jour, plus état de problèmes d’approvisionnements.
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