Le Royaume-Uni et la Pologne ont manifesté depuis longtemps leur soutien à l’Ukraine, au point de constituer un partenariat bilatéral ambitieux. Cependant, pour Varsovie, l’intérêt stratégique est principalement la menace russe, tandis que Londres a une vision beaucoup plus large, partagée avec Washington et regardant notamment vers la Chine.
Le partenariat stratégique Londres-Varsovie : une alliance conjoncturelle ?
The London-Warsaw Strategic Partnership: a Temporary Alliance?
The United Kingdom and Poland have long declared their support for Ukraine, to the extent of creating an ambitious bilateral partnership. For Warsaw, however, the main strategic interest is the Russian threat whilst London has a broader view which it shares with Washington, and which in particular looks towards China.
Tout comme le Royaume-Uni et la Pologne ont combattu ensemble pour préserver la liberté en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni et la Pologne sont aujourd’hui à nouveau unis, en première ligne du soutien international à l’Ukraine ». Par ces mots, James Cleverly, secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, introduit la publication du 2030 Strategic Partnership (1) entre le Royaume-Uni et la Pologne, signé par les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux parties le 5 juillet 2023. Le 2030 Strategic Partnership, qui prolonge les engagements du Traité de coopération en matière de défense et de sécurité de 2017 (2), reflète l’approfondissement constant de la relation bilatérale de défense entre le Royaume-Uni et la Pologne. Un partenariat dont la signification a pris une nouvelle dimension depuis le 24 février 2022.
En effet, depuis l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie, le Royaume-Uni et la Pologne se distinguent par le poids de leur soutien politique et militaire à l’Ukraine, avec qui les deux États ont signé un pacte de sécurité trilatéral dès le 17 février 2022 (3). Tandis que Londres envoyait 2 000 missiles antichars à Kiev en janvier 2022, Varsovie proposait de procurer des avions de combat à l’armée ukrainienne dès le mois de mars – une initiative soutenue par le secrétaire d’État britannique à la Défense. En outre, le Royaume-Uni et la Pologne ont, à de nombreuses reprises, remis en question les positions françaises et allemandes, jugées alors trop permissives à l’égard de Moscou – un discours porteur pour la majeure partie des États d’Europe centrale et orientale.
À ce titre, l’avènement de la guerre en Ukraine peut renforcer l’idée d’un basculement du centre de gravité de l’Europe vers l’Europe centrale et orientale en matière de politique étrangère et de défense, dont le binôme Pologne–Royaume-Uni serait devenu le porte-parole. Un constat renforcé par les difficultés franco-allemandes à coopérer en matière de défense, notamment sur les grands programmes d’armement, depuis de nombreux mois. Pour autant, le rapprochement en matière de politique étrangère et de défense entre Londres et Varsovie est à relativiser. Outre sa nature sectorielle, ce partenariat se heurte à des divergences de taille lorsque le spectre des enjeux traités dépasse l’appui politique et militaire à l’Ukraine et la posture de dissuasion vis-à-vis de la Russie.
Il reste 83 % de l'article à lire
Plan de l'article