L’Eurocorps implanté à Strasbourg pourrait être un modèle et une structure permettant de développer de nouvelles synergies pour la sécurité et la défense de l’Europe. De par son organisation, il peut développer un potentiel pour l’innovation et l’interopérabilité bénéfiques à tous les pays partenaires, et ainsi répondre aux défis de demain.
L’Eurocorps : un modèle de synergie pour les applications européennes de sécurité et de défense ?
Eurocorps: a Possible Model for Synergy in European Security and Defence
The Strasbourg-based Eurocorps could serve as both model and structure which would allow new synergy for the security and defence of Europe to be developed. By virtue of its organisation, it could develop a potential for innovation and interoperability which would benefit all partner countries and respond to future challenges.
Qu’il s’agisse de faire face à une agression militaire ou à une catastrophe naturelle, leur anticipation constitue un défi économique permanent pour les États. Les conflits passés entre puissances européennes, les efforts plus récents de protection contre la Covid, la défense de l’Ukraine ou les opérations de secours aux sinistrés à la suite des tremblements de terre en Turquie et en Syrie, partagent tous le même dilemme : l’acquisition, le financement et la maintenance d’équipements de sécurité modernes, bien qu’essentiels, peuvent représenter une charge insoutenable pour les finances publiques à long terme (1), surtout s’ils ne sont exécutés que dans un cadre national et limités à une utilisation en temps de guerre.
Présent à Rome au second semestre 2020, j’ai été choqué par les informations faisant état des pertes subies par l’Italie lors de la première vague de Covid-19 (février-mars). Au début, il était presque impossible d’obtenir d’autres pays les équipements qui manquaient à l’Italie pour assurer la sécurité de sa population. Dans le monde, des millions de vies étaient en jeu avec une concurrence féroce pour obtenir les ressources médicales ; seule l’action unilatérale prévalait. Certains gouvernements interdirent l’exportation d’équipements de protection. Il fallut du temps et de nombreuses victimes avant que les organisations régionales, principalement l’Union européenne, ne parviennent à coordonner et à mettre leurs membres à l’abri de la ruée mondiale vers les ressources rares.
Les premières semaines de la crise ont mis à nu les faiblesses des États et des structures internationales lorsque tous leurs membres sont soumis à des chocs externes. Les difficultés rencontrées lorsqu’il s’agit de faire face à un problème de sécurité potentiellement mortel ont tendance à être de nature économique : comment financer l’acquisition et l’entretien de moyens de sécurité de crise coûteux et non productifs en temps de paix ? Cette situation est appelée à se répéter pour les ressources militaires, à un moment où trop de pays en ont un besoin urgent. En temps de paix, l’environnement économique et social mondial ne se prêtera pas toujours à donner la priorité à une sécurité militaire de plus en plus coûteuse. La coopération multinationale traditionnelle est une solution qui comporte deux contraintes : d’une part, la capacité et la volonté des partenaires de se soutenir mutuellement et d’autre part, l’interopérabilité des équipements et des processus. Dans un monde d’incertitudes, la mise en commun des ressources entre pays peut alléger le coût de possession et augmenter le taux d’utilisation. En outre, le développement des capacités dans les nouvelles technologies, y compris celles à double usage, peut également générer des bénéfices pour les États-membres contributeurs et promouvoir l’interopérabilité. Des synergies telles que celles réalisées à l’Eurocorps fournissent un cadre pour le partage des coûts et l’innovation.
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