Le maintien de l’ordre fut jusqu’au début du XXe une des missions de l’armée avec plus ou moins de succès. Après la Grande Guerre et notamment le 6 février 1934, le commandement fut très réticent face aux demandes des autorités politiques, maintien de l’ordre et opération militaire ne relevant pas des mêmes logiques.
Histoire militaire - Les armées françaises et le maintien de l’ordre
Military History—French Forces and Maintenance of Order
Until the beginning of the twentieth century the army in general achieved its policing mission successfully. In the aftermath of the Great War, and notably on 6 February 1934, the army command was far more hesitant in responding to politicians’ demands, since maintenance of order and military operations are rather different in nature.
De façon récurrente, dès que le pays se trouve confronté à des troubles graves de l’ordre public, une « petite musique » s’installe sur les réseaux de communication, selon laquelle il faudrait « envoyer l’armée ». Juridiquement, l’argument n’est pas dénué de bon sens, puisque les armées constituent en la matière les « forces de troisième catégorie » (la première catégorie correspond à la Gendarmerie départementale et la deuxième, aux formations de Gendarmerie mobile et aux CRS). Par ailleurs, jusqu’à la Grande Guerre, les armées, conformément à une tradition qui remonte à l’Ancien Régime – ce que le comte de Guibert (1743-1790) appelait « l’armée du dedans » – constituaient la seule force de maintien de l’ordre. Cependant, il n’est pas du tout évident que les partisans de cet engagement des moyens militaires en maintien de l’ordre soient tous parfaitement aux courants des arcanes juridiques d’un tel emploi, ni des circonstances dans lesquelles cet emploi a eu lieu, ainsi que de ses conséquences.
Il y a donc lieu de mettre dans une perspective historique sur le temps long cette mission qui a longtemps été celle des armées, et qui existe encore, au moins formellement. Jusqu’à la Grande Guerre, l’armée en avait le monopole, avec les risques que cela comportait comme on le verra et, à compter de l’entre-deux-guerres, cette mission va progressivement glisser entre les mains d’unités spécialisées, le commandement se montrant de plus en plus réservé vis-à-vis de l’engagement de ses moyens dans le maintien de l’ordre intérieur. Le point de bascule peut être observé lors des émeutes du 6 février 1934, il y a aujourd’hui quatre-vingt-dix ans.
Avant la Grande Guerre
Ce rôle de maintien de l’ordre confié aux armées a été marqué, avant 1914, par deux constantes : d’une part, un degré de violence élevé donnant lieu à des pertes humaines et d’autre part, un risque réel de voir les régiments concernés, prendre fait et cause pour les émeutiers.
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