L'auteur du présent article est une personnalité allemande, très au fait des problèmes européens, qui nous a demandé de faire connaître son point de vue, à la suite des analyses parues dans notre numéro d'avril (de Claude Le Borgne et Jacques Vernant). Depuis quelque temps en effet, nous avons fait une assez large place aux problèmes auxquels sont confrontés nos voisins d'outre-Rhin, tant à l'intérieur de leur pays que par leurs relations au sein de l'Alliance et avec l’Est (François-Georges Dreyfus et Jacques-Marie Denis dans le numéro de janvier).
Une autre personnalité allemande, dans notre livraison de mai (Hans Graf Huyn), proposait une stratégie politique globale de l'Ouest. La thèse soutenue ici est nettement plus délimitée géographiquement, l'auteur voulant donner à la France un rôle prépondérant dans la construction d'une Europe des Nations. Mais la France, même aidée financièrement par les autres nations de l'Europe, peut-elle prendre le relais de la protection nucléaire de la péninsule européenne, surtout au moment où l'ambassadeur des États-Unis à Paris vient de rappeler à son pays l'importance des forces américaines en Europe (voir la chronique « Défense dans le monde » dans le numéro de juin) ? Notre pays y a-t-il d'ailleurs intérêt, lui dont l'horizon n'est pas seulement borné au continent européen, pour des raisons à la fois historiques, géographiques, économiques ? La solution proposée par notre auteur ne peut-elle pas être, dans une certaine mesure, un pas vers une fmlandisation couvrant toute l'Europe occidentale ? Telles sont les questions, parmi bien d'autres, qu'un lecteur averti doit se poser, en plus de celles posées par l'auteur lui-même, en lisant cet article très intéressant.