Les ventes d’armements et la coopération militaire avec le Moyen-Orient dans les années 1970 répondent à des objectifs politiques assumés par Paris. Bénéficiant de la rente pétrolière, les pays achètent des quantités importantes d’équipements dans un contexte régional de plus en plus tendu avec la guerre Iran-Irak.
La coopération militaire et la vente d’armements au Moyen-Orient dans les années 1970
Military Cooperation and Arms Sales to the Middle East in the 1970s
Arms sales and military cooperation with the Middle East in the 1970s were part of the political objectives decided by Paris. Benefiting from oil revenue, countries there were buying huge quantities of equipment in a regional environment made increasingly tense by the Iran-Iraq war.
Au tournant des années 1960 et 1970, les ventes de matériels militaires résument très largement la coopération militaire entre la France et les pays du Moyen-Orient comme en témoigne la vente, en 1969 de 110 Mirage français au nouveau régime libyen, un record historique jamais égalé depuis (1). Si les demandes d’armements sont en plein essor avec la volonté de reconstituer des stocks après la guerre des Six Jours, Israël reste le client principal de la France alors que le marché arabe est dominé par les Anglo-Saxons et les Soviétiques. La part du Moyen-Orient et du Maghreb dans les exportations françaises est de 23 % (2). Une décennie plus tard, ce chiffre, pour le Moyen-Orient seul, s’élève à 50 %. La croissance est loin d’être seulement quantitative. La coopération est désormais complète et s’étend aux missions d’expertise et aux actions de formation.
Comment expliquer la part croissante du Moyen-Orient dans les exportations françaises de matériel militaire au cours de la décennie 1970 et, au-delà, l’essor et l’ampleur de la coopération dans le domaine militaire ? Nous analyserons cette mutation sous un angle politico-diplomatique à partir de sources directes (archives nationales, diplomatiques et, à la marge, de la Défense). Dans la mesure où les dossiers traitant de ces questions sont largement réservés à partir du milieu de la décennie, nous aurons également recours à des sources indirectes comme la presse. Le Moyen-Orient sera considéré dans une large acception puisque la Libye sera incluse à cet ensemble en raison de l’influence égyptienne qu’elle subit durant cette période tout comme les pays du Golfe dont l’importance croît.
Nous organiserons notre propos en deux séquences distinctes : une première période bornée par les guerres de 1967 et de 1973 est marquée par une consolidation des ventes portée par une politique française volontariste et des besoins arabes croissants mais souvent impulsifs ; une seconde séquence s’ouvre avec les conséquences de la guerre d’Octobre et le choc pétrolier qui s’ensuivit. Elle se caractérise par une augmentation spectaculaire des exportations d’armements dans un marché libéré par la fin de l’embargo alors que la coopération gagne en épaisseur. Les principaux clients sont désormais les pays exportateurs de pétrole qui aspirent à toujours plus s’armer tout en disposant de capacités de paiement accrues par la rente pétrolière.
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