De la percée sur la Meuse à la bataille de Normandie
En 1942, les Allemands ayant refoulé l’armée rouge sur une profondeur de 2.000 kilomètres, — privilège des Russes que de pouvoir faire d’aussi longues retraites, — Moscou se plaignait de l’absence d’un deuxième front. À propos de cette polémique entre alliés, le journaliste américain Cassidy raconte dans un livre émouvant et malicieux qu’un officier britannique finit un jour par répondre, agacé : « Où donc était le premier front lorsque le second existait ? » C’est là le drame de la guerre qui pour nous est celle de 1939-1945 et pour d’autres, — dont certains Français, hélas ! — celle de 1941-1945, sans parler de nos résignés qui voulaient en faire lamentablement une guerre de 1939-1940. Et c’est à notre pauvre front d’il y a bientôt sept ans qu’il faut revenir si l’on veut comprendre quelque chose à ce diptyque : occupation, libération, qui pour trop de nos compatriotes est surtout une affaire de politique intérieure ou de personnes.
Ce front, je l’ai entendu craquer dans la nuit du 12 au 13 mai, à l’île de Houx, sur la Meuse belge. Quatre ans plus tard, j’ai été un des témoins civils de la bataille de Caen. Depuis lors, j’ai pu consulter un certain nombre de documents français, allemands, américains, inédits ou hors commerce. C’est à ces titres divers qu’historien de profession, je me sens autorisé à écrire cet article.
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