L’auteur, un spécialiste des questions du Pacifique – cet océan dont l’importance stratégique et économique ne cesse de croître –, développe deux thèmes : celui de l’émancipation des archipels et celui de l’action des puissances extérieures ou riveraines. Il évoque aussi le problème de la coopération régionale qui s’exerce via deux organisations : la Commission du Pacifique Sud et le Forum du Pacifique Sud en vue de dégager des perspectives pour le futur à cette époque.
Pacifique Sud 1974 : évolution interne et rôle des puissances extérieures (février 1975)
The South Pacific in 1974: Internal Development and the Role of Outside Powers (February 1975)
The strategic and economic importance of the Pacific Ocean is in continual growth. The author, an expert in Pacific matters, develops two themes: emancipation of the archipelagoes, and activity of both local and external powers. He also raises the issue of regional cooperation, which is effected through two organisations, the South Pacific Commission [later, the Pacific Community] and the South Pacific Forum [later, the Pacific Islands Forum], with a view to drawing out the perspectives for the future as seen at the time.
Situé de part et d’autre de l’Équateur entre le vingtième parallèle de latitude Nord et le vingt-cinquième parallèle de latitude Sud, l’ensemble de la région dite du « Pacifique Sud » recouvre une immense étendue de quelque 80 millions de km2. Les terres émergées, qui ne représentent que 570 000 km2 de cette superficie, sont dispersées en une multitude d’îles comprenant environ 2 650 îles principales. La population de la zone ne dépasse pas 3 500 000 habitants.
Bordé par les continents américain à l’Est, asiatique à l’Ouest et australien au Sud-Ouest, à proximité de quatre grandes puissances – États-Unis, Union soviétique, Chine et Japon – le Pacifique Sud, dont la sécurité est assurée par le Pacte de l’ANZUS, signé en 1951 par les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, constitue aujourd’hui, avec le déplacement du centre de gravité de la politique internationale vers l’océan Pacifique, une zone stratégique d’importance majeure. Celle-ci ne peut que croître avec la poursuite du retrait des forces américaines du continent asiatique et dans l’éventualité d’un désengagement de Washington d’Okinawa, des Philippines ou de Taïwan, les archipels du Pacifique devenant alors le bastion avancé de la défense américaine, australienne et néo-zélandaise.
Une économie de subsistance précaire est le lot commun de cette région, dont les ressources naturelles sont en général, si l’on fait exception de la Nouvelle Guinée-Papouasie, assez maigres. L’agriculture est presque partout la principale source de revenus, le coprah, le sucre, le café et le cacao constituant ses principaux produits d’exportation. Les produits minéraux fournissent cependant la part la plus importante des exportations, qu’il s’agisse du nickel et du chrome de Nouvelle-Calédonie, du manganèse des Nouvelles-Hébrides, de l’or et de la bauxite des îles Fidji, de l’or et du cuivre de Nouvelle Guinée-Papouasie ou des phosphates de Nauru. De façon générale, la dépendance de la région vis-à-vis des conditions climatiques et des cours mondiaux des matières premières d’une part, la gestion économique souvent critiquable à laquelle elle est soumise de l’autre, concourent à sa fragilité et à la stagnation de son développement. La mise en valeur de ses richesses marines, l’existence probable d’importantes ressources situées sous le lit de l’océan et le développement du tourisme seraient néanmoins de nature à modifier cet état de choses.
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