Le déclenchement à la mi-mai de violentes émeutes – provoquant, hélas, des morts dont deux gendarmes – en Nouvelle-Calédonie a brutalement rappelé à la France métropolitaine sa présence dans ce vaste espace à dominante maritime qu’est l’Indo-Pacifique. Aux antipodes du Vieux Continent, cette région est longtemps apparue comme très lointaine et en quelque sorte aux marges des grands enjeux internationaux, surtout si l’on a une vision très continentale à la Mackinder. Lire la suite
L’Océanie s’affirme comme l’une des régions dans laquelle se joue la concurrence entre grandes puissances. Pris entre Indo-Pacifique et Routes de la Soie, les États et territoires d’Océanie tentent de naviguer entre les nouvelles attentions qu’ils suscitent et leur volonté de défendre leurs propres intérêts sécuritaires. Lire la suite
Perspective stratégique
L'Océanie contestée
Le concept Indo-Pacifique a été porté initialement par des acteurs extérieurs à la région. Aujourd’hui, le terme reste abondamment débattu et commenté, d’autant plus que l’on assiste à une militarisation croissante de cette crise essentiellement maritime. La compétition États-Unis–Chine oblige ainsi les États insulaires à réfléchir à leur destin commun, malgré leurs différences. Lire les premières lignes
La Chine développe des stratégies d’influence médiatique dans le Pacifique Sud en utilisant une palette très large d’outils comme la formation de journalistes, le financement des médias, des voyages culturels, etc. L’objectif est d’imposer un modèle chinois censé être supérieur et plus efficace. Toutefois, et jusqu’à présent, les opinions publiques océaniennes préfèrent les médias australiens, plus fiables. Lire les premières lignes
Les États-Unis, malgré le reset vers l’Asie, ont longtemps négligé l’Océanie et le Pacifique Sud. La Chine en a profité pour chercher des relais régionaux. Washington s’efforce de rattraper son retard avec de nombreuses initiatives militaires et diplomatiques, mais les États insulaires souhaitent conserver leurs liens économiques avec Pékin. La question sera à nouveau débattue à l’occasion des élections américaines de novembre. Lire les premières lignes
De nombreuses communautés chinoises existent dans les îles du Pacifique Sud, avec des activités très variées dont le commerce et les services. Pékin s’efforce de préserver les liens avec des politiques dédiées dans les domaines économique, politique et sécuritaire. Certaines initiatives chinoises sont cependant mal perçues par les États insulaires, en raison d’un entrisme de Pékin parfois trop visible. Lire les premières lignes
La sécurité des espaces maritimes dans le Pacifique insulaire est un enjeu majeur pour tous les acteurs de la région. Des outils autour de la Connaissance du domaine maritime (MDA) existent et sont en cours de montée en puissance, d’autant plus que la Chine est devenue un véritable compétiteur dans cette aire océanique. Les défis deviennent plus nombreux et plus complexes pour les États insulaires. Lire les premières lignes
La présence française en Océanie date du XVIIIe siècle. La dimension maritime avec ses élongations caractérise ce continent à la véritable diversité culturelle, linguistique et identitaire. Les Forces armées françaises y sont déployées afin de garantir notre souveraineté, tout en participant à la coopération sécuritaire régionale. Ces nombreuses actions en partenariat démontrent au quotidien cette volonté d’être un acteur légitime. Lire les premières lignes
Les infrastructures Internet – essentiellement les câbles sous-marins et la 5G – sont au cœur d’une compétition entre les puissances, principalement les États-Unis et la Chine, leurs fournisseurs de technologies et de services. Les États insulaires du Pacifique (EIP) y voient surtout un catalyseur du développement économique et cherchent à trouver un équilibre entre les différents acteurs, tout en préservant leur souveraineté. Lire les premières lignes
L’Azerbaïdjan montre une hostilité croissante à la France en instrumentalisant les Kanak en Nouvelle-Calédonie. Le régime de Bakou veut ainsi nuire à Paris pour son soutien politique et militaire à l’Arménie, en conflit ouvert avec les Azerbaïdjanais. Le président Aliyev utilise la désinformation contre les intérêts français et soutient directement des groupuscules indépendantistes, aggravant une situation déjà difficile. Lire les premières lignes
L'Océanie stratégique
La France s’est efforcée d’améliorer son image au sein du Forum des îles du Pacifique, permettant ainsi à la Nouvelle-Calédonie et à la Polynésie française d’y adhérer. La présence française reste controversée et la crise actuelle à Nouméa risque d’accroître les difficultés et de remettre en cause des décennies d’efforts diplomatiques. C’est toute la politique conduite par Paris qui pourrait, à terme, échouer. Lire les premières lignes
L’Océanie est directement concernée par les enjeux climatiques avec le risque de subversion des États atolliens. Ceux-ci s’efforcent de trouver des solutions, y compris de repli vers les grands États comme l’Australie. Il y a, dès lors, un véritable télescopage entre les besoins régionaux et les approches stratégiques, les petits États recherchant une meilleure reconnaissance internationale et une préservation de leurs intérêts économiques. Lire les premières lignes
La question des grands fonds marins (GFM) dans la région est éminemment complexe tant les enjeux sont importants et les approches sont différentes selon les acteurs. Entre exploitation des ressources et préservation de l’environnement, de nombreuses options sont possibles avec l’ambiguïté de la relation avec l’État français. Lire les premières lignes
Les États océaniens sont considérés à tort comme des acteurs secondaires, relevant de sphères d’influence des États-Unis ou de la Chine. Il convient de les prendre en compte et de les comprendre. Ils revendiquent un véritable espace stratégique qu’ils sont en mesure d’assumer, sans liens de dépendance extérieure. Lire les premières lignes
Le détroit de Torres situé entre l’Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée est un goulet d’étranglement où la navigation y est difficile. L’Australie a pu limiter l’usage de cette route maritime mais la question des peuples autochtones révèle désormais des difficultés avec un accroissement des inégalités, sources de tensions. Lire les premières lignes
L’Asie du Sud-Est cherche à accroître ses relations et ses échanges avec l’arc mélanésien dans un contexte régional complexe où les grandes puissances – États-Unis, Chine, Japon, Australie – sont très actives avec des ambitions propres. Pour l’Indonésie, la mise en avant d’une dimension mélanésienne obéit à des objectifs de politique intérieure et de recherche d’un nouvel équilibre. Lire les premières lignes
Le Japon a pris conscience de l’importance stratégique du Pacifique insulaire avec une approche multiforme, intégrée qui reste discrète. Pour Tokyo, il s’agit de faire face aux avancées chinoises dans la région et de trouver des partenariats avec les États insulaires mais aussi avec les puissances comme l’Australie ou la France. Toutefois, les ressources consacrées par le Japon restent encore limitées. Lire les premières lignes
Les États de Mélanésie sont au cœur de la rivalité entre les États-Unis et la Chine. L’instrumentalisation de l’histoire coloniale accroît les tensions et la situation de la Nouvelle-Calédonie – en proie à des émeutes depuis mi-mai – ne facilite pas le dialogue interrégional. Un consensus semble difficilement atteignable. Lire les premières lignes
Voies océaniennes
Le Vanuatu, d’indépendance relativement récente, fait l’objet d’un intérêt prononcé de la part de la Chine. Celle-ci s’appuie sur une communauté chinoise insulaire et sur une politique d’influence et de soutien économique. Cependant, le résultat est en deçà des espérances de Pékin et la population locale reste méfiante. Lire les premières lignes
La Nouvelle-Calédonie et l’Indonésie ont en commun l’exploitation du nickel. Le secteur du premier est désormais en crise suite à la concurrence du second, plus compétitif sur le marché. Or, le nickel pèse pour 94 % de ses exportations : pour Nouméa, il s’agit d’un enjeu politique majeur avec le risque d’un effondrement de cette industrie, d’où l’obligation d’entamer une réflexion collective pour sortir du « tout nickel ». Lire les premières lignes
La place et le rôle de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République française font l’objet de nombreux débats. Les indépendantistes souhaitent une remise en cause en affirmant une souveraineté spécifique. Les émeutes depuis la mi-mai illustrent cette difficulté à dialoguer pour construire un futur commun en Océanie. Lire les premières lignes
Les Kiribati, en plein cœur du Pacifique, sont une des cibles de l’activisme de la Chine, avec plus ou moins de succès, dans la mesure où l’intérêt de Pékin semble plus géopolitique que philanthropique. Les moyens déployés par le régime chinois permettent de créer un lien de dépendance, même si l’archipel s’efforce de maintenir une forme de neutralité. Lire les premières lignes
La Chine est un acteur d’influence en Polynésie française, avec de nombreuses ambiguïtés quant à ces objectifs. Pékin essaie de pénétrer le tissu économique, politique et culturel, mais sans obtenir des résultats remarquables. La relation Paris-Papeete demeure forte même si Tahiti profite des opportunités chinoises. Lire les premières lignes
Les territoires de la Micronésie ont des liens spécifiques avec les États-Unis qui y ont de nombreuses implantations militaires dont la base de Guam. Ces relations sont cependant tendues par des raisons endogènes liées au Congrès américain et exogènes dues à la compétition stratégique entre Washington et Pékin. Lire les premières lignes
Il y a 50 ans
Le général d’armée aérienne François Maurin (1918-2018), Céma depuis 1971, s’exprimait devant les auditeurs de la 26e session nationale de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) en faisant un point de situation très complet sur les grands enjeux stratégiques de l’époque, marquée notamment par le Moyen-Orient et la guerre froide. Il exposait également ses réflexions autour du nucléaire dont l’armement tactique (terme du moment) et du lien avec le service national, dont il soulignait d’ailleurs la nécessaire adaptation au regard de l’évolution de la société. Enfin, il tirait les leçons de la guerre du Kippour, en octobre 1973, avec le rôle essentiel de la défense sol-air… Lire la suite
Mémoire stratégique
En se lançant contre les États-Unis avec l’attaque de Pearl Harbour le 7 décembre 1941, le Japon avait largement sous-estimé la capacité américaine à réagir militairement et à utiliser leur économie comme une arme de guerre capable de produire de façon quasi illimitée les arsenaux nécessaires pour vaincre l’empire du Soleil levant. Lire les premières lignes
Des cinq parties du monde, l’Océanie est celle dont on parlait le moins en 1969 bien qu’elle ait eu son heure de célébrité au cours de la dernière guerre. Si l’Océanie paraît rester en dehors des troubles qui agitent toujours l’Asie et l’Afrique, de nouvelles forces d’attraction d’ordre politique ou économique se manifestent, des foyers de trouble potentiel existent, des modifications de structure se profilent. Lire les premières lignes
L’auteur, un spécialiste des questions du Pacifique – cet océan dont l’importance stratégique et économique ne cesse de croître –, développe deux thèmes : celui de l’émancipation des archipels et celui de l’action des puissances extérieures ou riveraines. Il évoque aussi le problème de la coopération régionale qui s’exerce via deux organisations : la Commission du Pacifique Sud et le Forum du Pacifique Sud en vue de dégager des perspectives pour le futur à cette époque. Lire les premières lignes
Le Pacifique, durant plusieurs décennies à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, a été un lac américain avec une domination sans partage de la marine et des forces armées américaines sur l’ensemble de la région. Cette situation n’était pas totalement nouvelle puisque, dès le milieu du XIXe siècle, les États-Unis ont commencé à s’intéresser au Pacifique, boutant d’ailleurs les Espagnols de la zone en 1898. Lire les premières lignes
La région du Pacifique constitue un ensemble économique, rivalisant d’importance avec ce qu’était la Communauté économique européenne (CEE), devenue depuis l’UE, et le monde nord-américain. Quelles que soient l’aire géographique et les structures de coopération, les États européens doivent observer attentivement l’évolution de cette zone, la plus dynamique du monde. Ils doivent le faire dans des conditions comparables à celles qu’ils ont octroyées à Bruxelles aux riverains du Pacifique : le principe de réciprocité et le rôle de l’Europe dans le développement de ce bassin justifiaient déjà ce réajustement dès les années 1990. Lire les premières lignes
L’auteur voit monter en Asie l’antagonisme sino-américain et mesure l’enrôlement progressif de tous les acteurs du Pacifique Sud dans une stratégie d’endiguement de l’activité chinoise. Il demande que la Polynésie française soit tenue à l’écart de ces perspectives et devienne une tête de pont européenne d’équilibre pour faciliter un développement harmonieux de la région Asie-Pacifique. Lire les premières lignes
Chroniques
À l’issue de la guerre d’Algérie, l’Armée de terre se restructure et se concentre autour de l’organisation 67 des grandes unités, avec un centre de gravité réparti entre le Quart Nord-Est et les Forces françaises en Allemagne. Le principe divisionnaire inclut alors l’échelon de la brigade et s’est vite révélé trop lourd à manœuvrer, amenant aux réformes du général Lagarde. Lire les premières lignes
Au cœur de l’Amérique centrale, El Salvador a subi tous les soubresauts politiques ayant marqué la région dont l’absence de volonté commune des États à travailler ensemble. Après les guérillas marxistes, les gangs liés au narcotrafic y ont prospéré, entraînant une insécurité croissante, que le Président salvadorien a combattu avec succès. Il entame un second mandat porté par une volonté de transformation et de modernisation. Lire les premières lignes
Recensions
Après une réflexion sur le rôle croissant de la Chine dans la coopération régionale du Pacifique, Graeme Smith (Australian National University) et Terence Wesley-Smith (University of Hawai’i) réexaminent les présupposés politiques et les récits médiatiques et académiques concernant l’implication de Pékin dans les affaires régionales du Pacifique. L’ouvrage explore les notions de « Blue Pacific » et le concept de « New Cold War » ainsi que leurs répercussions sur l’autonomie souveraine des îles du Pacifique. Ensuite, plusieurs auteurs se penchent sur les réactions de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, des États-Unis et de la France face à l’émergence de la Chine dans les dynamiques régionales des îles du Pacifique. Le livre se concentre sur la Chine en examinant son engagement régional avec les îles du Pacifique et en évaluant l’impact potentiel de la récente réforme bureaucratique sur le système de distribution de l’aide chinoise dans la région. En guise de conclusion, les auteurs examinent l’influence de la politique étrangère chinoise dans le Pacifique à travers les Nouvelles routes de la soie, et en particulier la branche maritime du projet. Lire la suite
Dans les années 2010, la rapide croissance économique de la Chine bouleverse l’ordre traditionnel de la scène internationale. L’impulsion chinoise a suscité des débats sur l’influence croissante de la nation sur les structures de pouvoir et la gouvernance mondiales, en particulier dans le domaine de l’Aide publique au développement (APD). Au cours des dernières décennies, la Chine est progressivement devenue un important donateur d’APD à l’échelle mondiale. Le discours chinois sur la coopération Sud-Sud, le faible niveau de conditionnalité de ses prêts et l’opacité de ses motivations font craindre aux donateurs traditionnels que la Chine ne sape l’architecture traditionnelle d’aide au développement en créant un nouveau modèle à caractéristiques chinoises. La fragmentation de l’aide au développement liée à l’arrivée de nouveaux donateurs et les difficultés de coordination qu’elle entraîne ont fait monter la question de la coopération trilatérale d’aides au développement à l’international. En raison de la corrélation étroite entre l’APD et la politique étrangère d’un pays, Zhang Denghua (Australian National University) soutient que l’étude de la coopération trilatérale de la Chine peut offrir de nouvelles perspectives sur sa politique étrangère. Considérant les implications que l’affirmation croissante chinoise pourrait avoir sur l’ordre international occidental et les intérêts d’autres pays, Zhang Denghua tente de remettre en question les idées préconçues derrière les motivations de Pékin pour la coopération en matière d’aide par l’aspect sous-étudié de la coopération trilatérale chinoise en posant la question de recherche suivante : Quels sont les principaux facteurs qui motivent la coopération croissante en matière d’aide trilatérale chinoise ? Lire la suite
Deux récentes études menées par les principaux instituts de recherche en politique étrangère en Allemagne examinent l’implication croissante du pays dans l’Indo-Pacifique en général, et dans le Pacifique Sud en particulier. Lire la suite
Comment représenter de manière adéquate un continent isolé, fortement marqué par son insularité ? Comment appréhender dans sa globalité un territoire aussi vaste, où la cohérence régionale se trouve défiée par la multitude de territoires éloignés aux dynamiques variées ? L’Atlas de l’Océanie, rédigé par Fabrice Argounès (Université de Rouen-Normandie), Sarah Mohamed-Gaillard (Inalco) et Luc Vacher (La Rochelle Université), offre une exploration fascinante d’une région longtemps mystifiée et marquée par son éloignement géographique. Publié en 2021 dans sa seconde édition, cet ouvrage de 96 pages offre un éclairage unique sur cette région complexe. Ce travail ambitieux se confronte aux difficultés de représenter l’Océanie, continent constitué d’un ensemble discontinu d’îles éparpillées dans l’océan Pacifique, caractérisé par la distance, l’isolement et une diversité culturelle foisonnante. Les auteurs mettent en lumière les défis inhérents à la cartographie de cette région, marquée par des échelles variables et une temporalité décalée du reste du monde. À travers les cartes élaborées par Mélanie Marie, ils proposent une nouvelle approche de ce continent, transcendant la vision eurocentrique dominante qui réduit souvent l’Océanie à une région périphérique mal représentée. Les cartes du monde, en la fragmentant en deux parties étirées aux bords du globe, occultent ainsi son véritable poids géographique. Cependant, en adoptant un centrage approprié et un système de projection adéquat, il est possible de mettre en lumière l’immensité du Pacifique et de l’Océanie. Lire la suite
Nous faisons partie d’un « monde de régions », nous dit Peter Katzenstein, politiste germano-américain. Le Pacifique, une région ? Son nom évoque plutôt un océan, un archipel à la rigueur ; une constellation, tantôt appelée Océanie, tantôt mers du Sud. Derrière ce mot, Greg Fry, lui, voit une région. Certes pas au sens européen du terme, mais une région tout de même. Lire la suite
L’ouvrage de Transform Aqorau (Solomon Islands National University), Fishing for Success: Lessons in Pacific regionalism, ne se lit non pas comme un essai académique mais plutôt comme un livre de mémoire, relatant presque 40 ans passés aux premières loges de la création du PNA (Parties à l’Accord de Nauru), devenu sous les yeux de l’auteur le plus grand succès d’entreprise thonière au monde. Ce n’est pas seulement son histoire que l’auteur décrit avec nostalgie, mais surtout l’histoire de 8 « petits » pays insulaires du Pacifique qui se sont battus, envers et contre tous, pour leur droit à l’exploitation souveraine de leurs ressources de thons et les personnalités derrière ces pays, toutes au caractère bien tranchés mais unies par une vision partagée, qui ont porté le projet à bout de bras jusqu’à la ligne d’arrivée. Lire la suite
Islands of Hope est un livre qui explore en détail la gestion écologique et la résilience des peuples autochtones dans différents contextes du Pacifique. L’ouvrage, divisé en plusieurs sections thématiques, explore la diversité des systèmes de production alimentaire autochtones, soulignant leur souplesse et leur résilience face aux défis environnementaux. Les chapitres mettent en évidence comment les connaissances et les méthodes traditionnelles jouent un rôle dans le renforcement de la sécurité alimentaire et de la résilience climatique, suggérant une transition vers des modèles agricoles localement contrôlés plutôt que vers une monoculture industrielle. Lire la suite
Strategic Perspective
Contested Oceania
The concept of the Indo-Pacific was originally coined by actors from outside the region. The term is still widely debated and discussed today, especially since we are now seeing growing militarisation of an essentially maritime crisis. Furthermore, competition between the United States and China is compelling Island countries in the Pacific to consider their common future in spite of their differences.
China is developing strategies in the South Pacific for influence through the media by use of a broad range of methods which include training of journalists, financing the media and cultural travel. The aim is to impose a supposedly superior and more effective Chinese model. Up to now, however, Oceanian public opinion has preferred the more reliable Australian media.
Despite its reset towards Asia, the United States has long neglected Oceania and the South Pacific, and China has taken advantage of the situation to seek regional links. Washington is trying to catch up by deploying numerous military and diplomatic initiatives, but the Island countries wish to preserve their economic ties with Beijing. The matter will be raised again in relation to the US elections in November.
There are many Chinese communities present in the South Pacific Islands, whose wide-ranging activities include trade and services. Beijing is making efforts to maintain ties, using dedicated policies in the fields of economics, politics and security. Nevertheless, some Chinese initiatives are not well received by the Island countries because of Beijing’s somewhat over-intrusive attitude.
Maritime security in the Pacific Island area is a major challenge for all actors in the region. Information and aids for improving Maritime Domain Awareness (MDA) exist already and are being steadily brought into service. They are all the more important now that China has become a competitor of note in this oceanic region. The challenges are growing in number and becoming more complex for the Island countries.
The French presence in Oceania goes back to the 18th century. The maritime dimension and the distances involved are characteristic of this continent with its great diversity of culture, language and identity. The French armed forces are deployed there as guarantor of our sovereignty whilst participating in regional security cooperation. Their many activities in partnership are daily demonstrations of the French desire to be a legitimate actor.
Internet infrastructure—essentially underwater cables and 5G—is at the heart of competition between the countries, principally the United States and China, which supply the technology and services. The Pacific Island Countries (PICs) see internet as a catalyst for economic development and look for a balance between the actors involved whilst keeping control of their sovereignty.
Azerbaijan is showing growing hostility to France by exploiting the Kanaks in New Caledonia. The regime in Baku continues to denigrate Paris for its political and military support to Armenia, which is in open conflict with the Azerbaijanis. President Aliyev is using disinformation against French interests and is directly supporting independence groups, thus aggravating an already difficult situation.
Strategic Oceania
France has made efforts to improve its image within the Pacific Islands Forum, thus allowing New Caledonia and French Polynesia to become members. French presence remains controversial and the current crisis in Noumea risks adding to the difficulties and damaging decades of diplomatic effort. Ultimately, Paris risks failure of its entire policy.
Oceania is directly concerned by climate change, which carries a real risk of submersion of atoll nations. These nations are working hard to find solutions, among which a retreat to larger countries such as Australia. The result is that regional needs and strategic approaches become enmeshed—the smaller states seek better international recognition and preservation of their economic interests.
The deep ocean in the region is particularly complex issue, given the magnitude of the stakes involved and the varying approaches of different actors. Given the ambiguity of the relationship with France many options are possible, between exploitation of resources and preservation of the environment.
Oceanian countries are wrongly thought of as secondary actors within the US or Chinese spheres of influence, yet they need to be understood and taken into account. They lay claim to an area of genuine strategic value for which they are able to take responsibility without dependence on external aid.
The Torres Strait between Australia and Papua New Guinea is a hazardous navigational bottleneck. Australia has managed to restrict use of this sea route but consideration of the indigenous populations is now revealing difficulties, with increasing inequality as the source of tension.
South-East Asia is seeking to build its relations and trade with the Melanesian arc in a complex regional environment in which the larger powers—United States, China, Japan, and Australia—are particularly active, each having its own ambitions. Indonesia’s promotion of a Melanesian dimension reflects domestic political aims and the search for a new balance.
Japan has acknowledged the strategic importance of the Pacific islands and has an integrated and multi-pronged, yet discreet approach. Tokyo has to face up to Chinese advances in the region and find partnerships with the Island states and also with larger countries such as Australia and France. Nevertheless, the resources Japan is allocating to this effort remain limited.
The countries of Melanesia are at the centre of the competition and rivalry between the United States and China. The exploitation of colonial history is leading to an increase in tension and the situation in New Caledonia, which has suffered civil unrest since the middle of May, does not make inter-regional dialogue any easier. It seems that a consensus will be hard to achieve.
Changing Oceania
New Caledonia and Indonesia are both nickel-producing countries. The industry of the first is in crisis as a result of competition from the second, which is more competitive in the market. And yet nickel accounts for 94 per cent of New Caledonian exports, which makes it a major political stake for Noumea in view of the risk of collapse of the industry. Thus, there is a need to apply collective consideration to evolving from this nickel-dependent trade environment.
There is much debate about the place and role of New Caledonia within the French Republic. The separatists are calling for re-examination of the status and claim some form of sovereignty. The riots since mid-May illustrate the difficulty of establishing dialogue aimed at building a common future in Oceania.
The islands of Kiribati, in the heart of the Pacific, figure among the targets of Chinese activism, with varying degrees of success insofar as Beijing sees its interest as more geopolitical than philanthropic. The means the Chinese government is bringing to bear could lead to dependency even though the archipelago is making effort to maintain some form of neutrality.
China is an influential player in French Polynesia, where much ambiguity surrounds its aims. Beijing is attempting to penetrate the economic, political and cultural fabric, albeit without any notable result. The relationship between Paris and Papeete remains strong even if Tahiti is taking advantage of opportunities offered by China.
The territories of Micronesia have particular ties with the United States, which has numerous military bases there, including that on Guam. Nevertheless, these relationships are strained because of internal, US Congress-related issues, and external ones arising from the strategic competition between Washington and Beijing.
Fifty years ago
Strategic Memory
In setting itself against the United States with the attack on Pearl Harbor on 7 December 1941, Japan greatly under-estimated US capability to react militarily and to use its economy as a weapon of war, capable of producing almost without limit the quantities of arms needed to conquer the Empire of the Rising Sun.
Of the five major geographical regions of the world, Oceania was the least spoken of in 1969, despite its hour of fame during the Second World War. Although Oceania seemed to be spared the unrest that affected, and still affects, Asia and Africa, new political and economic forces were appearing along with seats of potential trouble. Structural changes were on the horizon.
The strategic and economic importance of the Pacific Ocean is in continual growth. The author, an expert in Pacific matters, develops two themes: emancipation of the archipelagoes, and activity of both local and external powers. He also raises the issue of regional cooperation, which is effected through two organisations, the South Pacific Commission [later, the Pacific Community] and the South Pacific Forum [later, the Pacific Islands Forum], with a view to drawing out the perspectives for the future as seen at the time.
For several decades following the Second World War the Pacific was an American lake, completely dominated by the US Navy and US armed forces. The situation was not entirely new, since the United States had shown interest in the Pacific from the middle of the 19th century and had driven the Spanish out of the area in 1898.
As an economic entity the Pacific region compares in size with what was the European Economic Community, which has since become the European Union, and the North American world. Whatever its geographical limits and cooperative structures, European countries need to keep a close eye on this, the most dynamic area in the world. They should offer support to the residents of the Pacific in a manner comparable with their approach to Brussels: the principle of reciprocity and Europe’s role in the development of the area already justified such an approach in the 1990s.
The author discusses rising Sino-American antagonism in Asia and gauges the gradual implication of all South Pacific actors in a strategy of limiting Chinese activity. He asks that French Polynesia be kept apart from such perspectives and that it become a balancing European bridgehead for harmonious development in the Asia-Pacific region.
Chronicles
After the Algerian war the Army was restructured and concentrated around a structure of major units (Organisation 67, referring to the 1967 restructuring) whose centre of gravity was divided between the north-eastern quarter of France and French forces in Germany. The divisional principle of the time included the brigade echelon and soon proved too unwieldy to manoeuvre: that led to General Lagarde’s reforms.
El Salvador, at the heart of Central America, has suffered all the political upheavals that have affected the region, including the lack of common will for countries to work together. After the Marxist guerrillas, drug trafficking gangs prospered: the Salvadorian president has successfully fought against the growing insecurity they created. He begins a second term of office, carried by his enthusiasm for transformation and modernisation of his country.
Book Reviews
Le déclenchement à la mi-mai de violentes émeutes – provoquant, hélas, des morts dont deux gendarmes – en Nouvelle-Calédonie a brutalement rappelé à la France métropolitaine sa présence dans ce vaste espace à dominante maritime qu’est l’Indo-Pacifique. Aux antipodes du Vieux Continent, cette région est longtemps apparue comme très lointaine et en quelque sorte aux marges des grands enjeux internationaux, surtout si l’on a une vision très continentale à la Mackinder.
Or, au regard des évolutions actuelles, le centre de gravité du monde longtemps perçu selon l’axe Europe–Amérique du Nord s’est déplacé vers le monde asiatique et l’océan Pacifique. Ne serait-ce que d’un point de vue démographique, entre Chine, Inde et Indonésie, mais aussi économique, où Pékin a su, en quatre décennies, s’imposer comme une puissance industrielle, véritable atelier du monde… Au risque de faire douter de la supériorité du modèle occidental combinant capitalisme libéral, économie de marché et démocratie que le Parti communiste chinois récuse, souhaitant substituer un nouveau modèle à la fois politique et dans les relations internationales.
Face à l’Asie continentale en plein essor, l’Indo-Pacifique constitue une autre approche où la dimension maritime est essentielle au regard des élongations considérables et de la nature archipélagique de la zone. À cela doit s’ajouter l’histoire, elle aussi complexe, entre peuples premiers aux cultures spécifiques, aux connexions profondes avec l’Océan et des imaginaires spirituels, remis en cause par les vagues successives de colonisation à partir du XVIe siècle avec les Portugais et les Espagnols, puis au XVIIIe siècle avec les Britanniques et les Français encore présents, notamment en Polynésie. Les confrontations issues des processus de décolonisation restent vivaces avec des non-dits difficilement surmontables, faute de volonté consensuelle.
Désormais, il faut aussi compter avec la compétition internationale entre les États-Unis – avec ses relais comme l’Australie ou le Japon – et la Chine aux ambitions clairement affichées d’être la première puissance mondiale d’ici 2049, date du centenaire de la création de la République populaire. Dès lors, les États insulaires de l’Océanie s’efforcent de trouver un positionnement équilibré afin d’éviter une subordination par trop voyante. Il s’agit également de prendre en compte leurs problématiques, à commencer par garantir leur pérennité face aux bouleversements engendrés par le réchauffement climatique et la montée inexorable des eaux.
Je remercie ici l’Irsem (et l’Inalco) qui a conçu et conduit ce numéro d’été sur cette région à la fois si lointaine et si présente dorénavant dans la stratégie française et qui – quoiqu’il arrive, notamment en Nouvelle-Calédonie – jouera un rôle croissant sur la scène mondiale et aura de ce fait des répercussions directes sur notre quotidien. Les enjeux y sont majeurs et exigent de comprendre la complexité d’un espace géographique unique au monde. ♦
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264 pages