The China Alternative: Changing Regional Order in the Pacific Islands
The China Alternative: Changing Regional Order in the Pacific Islands
Après une réflexion sur le rôle croissant de la Chine dans la coopération régionale du Pacifique, Graeme Smith (Australian National University) et Terence Wesley-Smith (University of Hawai’i) réexaminent les présupposés politiques et les récits médiatiques et académiques concernant l’implication de Pékin dans les affaires régionales du Pacifique. L’ouvrage explore les notions de « Blue Pacific » et le concept de « New Cold War » ainsi que leurs répercussions sur l’autonomie souveraine des îles du Pacifique. Ensuite, plusieurs auteurs se penchent sur les réactions de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, des États-Unis et de la France face à l’émergence de la Chine dans les dynamiques régionales des îles du Pacifique. Le livre se concentre sur la Chine en examinant son engagement régional avec les îles du Pacifique et en évaluant l’impact potentiel de la récente réforme bureaucratique sur le système de distribution de l’aide chinoise dans la région. En guise de conclusion, les auteurs examinent l’influence de la politique étrangère chinoise dans le Pacifique à travers les Nouvelles routes de la soie, et en particulier la branche maritime du projet.
Dans leurs chapitres respectifs, les auteurs reviennent sur le défi que représente Taiwan pour la diplomatie chinoise dans le Pacifique, en se basant sur les exemples des Îles Salomon et du Tuvalu. Après avoir présenté deux études de cas sur les relations chinoises avec les Fidji et la Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), trois chapitres sont consacrés à l’intégration des différentes communautés chinoises (citoyens, commerçants, diaspora) avec les communautés locales au Vanuatu, en PNG et au Timor-Leste. Pour Smith et Wesley-Smith, ce travail est motivé par la nécessité d’analyser l’impact de la montée de la compétition géostratégique régionale sur les intérêts souverains des îles du Pacifique. L’analyse des réponses des grandes puissances face à la présence chinoise dans le Pacifique révèle la dissonance entre les intérêts stratégiques des puissances occidentales et ceux des îles du Pacifique, davantage préoccupées par le changement climatique menaçant leur survie fondamentale que par la montée en puissance de la Chine dans la région. L’étude des réponses occidentales, notamment dans leurs nouvelles stratégies indopacifiques, révèle une certaine ignorance des enjeux fondamentaux auxquels sont confrontées les îles du Pacifique, ainsi qu’une illusion de vulnérabilité et de naïveté face à la « menace » perçue du piège de la dette chinoise ; des perceptions erronées que les îles du Pacifique ont cherché à rectifier à travers leur stratégie du Blue Pacific (1) visant à réaffirmer la narrative régionale autour de leur souveraineté et de leurs intérêts.
Alors que les États occidentaux perçoivent l’influence chinoise comme une menace croissante, les pays insulaires du Pacifique y voient plutôt une multitude d’opportunités, notamment en termes de financement chinois, mais surtout en utilisant les enjeux stratégiques comme levier pour faire valoir leurs propres intérêts et priorités régionaux. Le texte met en lumière les discours médiatiques portant sur l’influence grandissante de la Chine dans le Pacifique, en se concentrant sur trois points principaux : Taiwan, la Belt and Road Initiative (BRI) et le piège de la dette chinoise. Il souligne comment une Chine plus influente remet en question les alliances diplomatiques de Taiwan dans la région, illustrée par la rupture des liens diplomatiques des Îles Salomon et des Kiribati avec Taiwan en faveur de la « One China Policy ». Contrairement aux discours occidentaux, certains experts soulignent que l’investissement chinois n’est pas aussi important qu’on pourrait le croire, se concentrant principalement sur le BRI. La flexibilité discursive du BRI offre aux acteurs régionaux l’opportunité de redéfinir les projets en fonction des intérêts des îles du Pacifique, mais les bénéfices peuvent être annulés par la faible gouvernance, comme illustré par les exemples des Îles Salomon et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Certains auteurs soutiennent que le principal problème de l’investissement chinois réside dans le manque de réalisation concrète de ses projets d’investissement sur le terrain, ainsi que dans l’ingérence de la Chine dans le comportement parfois néfaste de sa diaspora dans les îles du Pacifique à l’égard des communautés et des lois locales. ♦
(1) Pacific Island Forum, The 2050 Strategy for the Blue Pacific Continent, Suva, Fiji, 2022 (https://forumsec.org/2050).