A Cautious New Approach: China’s Growing Trilateral Aid Cooperation
A Cautious New Approach: China’s Growing Trilateral Aid Cooperation
Dans les années 2010, la rapide croissance économique de la Chine bouleverse l’ordre traditionnel de la scène internationale. L’impulsion chinoise a suscité des débats sur l’influence croissante de la nation sur les structures de pouvoir et la gouvernance mondiales, en particulier dans le domaine de l’Aide publique au développement (APD). Au cours des dernières décennies, la Chine est progressivement devenue un important donateur d’APD à l’échelle mondiale. Le discours chinois sur la coopération Sud-Sud, le faible niveau de conditionnalité de ses prêts et l’opacité de ses motivations font craindre aux donateurs traditionnels que la Chine ne sape l’architecture traditionnelle d’aide au développement en créant un nouveau modèle à caractéristiques chinoises. La fragmentation de l’aide au développement liée à l’arrivée de nouveaux donateurs et les difficultés de coordination qu’elle entraîne ont fait monter la question de la coopération trilatérale d’aides au développement à l’international. En raison de la corrélation étroite entre l’APD et la politique étrangère d’un pays, Zhang Denghua (Australian National University) soutient que l’étude de la coopération trilatérale de la Chine peut offrir de nouvelles perspectives sur sa politique étrangère. Considérant les implications que l’affirmation croissante chinoise pourrait avoir sur l’ordre international occidental et les intérêts d’autres pays, Zhang Denghua tente de remettre en question les idées préconçues derrière les motivations de Pékin pour la coopération en matière d’aide par l’aspect sous-étudié de la coopération trilatérale chinoise en posant la question de recherche suivante : Quels sont les principaux facteurs qui motivent la coopération croissante en matière d’aide trilatérale chinoise ?
Au cours des dix dernières années, la Chine a accru sa collaboration trilatérale en matière d’aide avec des organisations de développement multirégionales et des donateurs conventionnels, malgré les différences dans la fourniture de l’aide entre les donateurs chinois et traditionnels. Compte tenu de la prédilection bien connue de la Chine pour la coopération bilatérale et de sa réticence à s’affilier aux donateurs traditionnels de peur d’être liée par leurs normes en matière d’aide, cette tendance est encore plus surprenante. Par l’étude ciblée de trois projets de collaboration trilatérales d’aides (1), l’auteur identifie les deux facteurs principaux motivant la poursuite chinoise de coopération trilatérale avec les donateurs traditionnels : le ferme désir du pays d’améliorer son image mondiale en tant que partenaire coopératif responsable en lien avec ses ambitions diplomatiques multilatérales et régionales, et l’utilisation des avantages comparatifs des donateurs traditionnels comme une opportunité d’apprentissage pour améliorer la distribution d’aides chinoises. L’analyse des études de cas révèle que leurs degrés de saillance/pertinence varient en fonction des acteurs de la coopération. Pour le projet en coopération avec les États-Unis et le Timor-Leste, la motivation d’amélioration de l’image globale dans la gestion des relations bilatérales avec les Américains primait sur l’apprentissage de bons procédés d’APD. Tandis que les deux autres projets révèlent aussi une volonté d’apprentissage lié à leur interaction continue avec la Chine au fil des décennies, en plus de l’impératif de construction d’image globale en tant que collaborateur responsable. La coopération dans des domaines non stratégiques permet aussi de réduire les tensions des partenaires et bénéficiaires d’aides sur l’opacité perçue de ses intentions. L’auteur soutient que l’importance croissante accordée à l’identité de la Chine en tant que puissance montante, par opposition à ses deux autres identités principales de nation socialiste et de pays en développement, nous aide à comprendre les motivations chinoises qui sous-tendent le développement par le pays d’une collaboration d’aide au développement trilatérale. Ainsi, l’ouvrage offre une nouvelle perspective sur les méthodes de coopération chinoise et leurs motivations avec une étude à la fois constructiviste et cognitive des ambitions identitaires de la Chine sur le plan international. ♦
(1) Le projet Chine–Pnud (Programme des Nations unies pour le développement)–Cambodge sur le manioc ; la coopération Chine–Australie–Papouasie-Nouvelle-Guinée sur le contrôle de la malaria ; et le projet Chine–États-Unis–Timor-Leste sur la sécurité alimentaire.