Deutschlands Wertepartnerschaften im Indo‑Pazifik / Die Neuentdeckung des Pazifiks: Möglichkeiten deutscher Zusammenarbeit
Deutschlands Wertepartnerschaften im Indo‑Pazifik et Die Neuentdeckung des Pazifiks: Möglichkeiten deutscher Zusammenarbeit
Deux récentes études menées par les principaux instituts de recherche en politique étrangère en Allemagne examinent l’implication croissante du pays dans l’Indo-Pacifique en général, et dans le Pacifique Sud en particulier.
Une étude de la SWP (Stiftung Wissenschaft und Politik), dirigée par Felix Heiduk, responsable de la division de recherche sur l’Asie de l’institut, fait le point sur les efforts diplomatiques de l’Allemagne dans la région Indo-Pacifique. Au cours des dernières années, Berlin a cherché à réduire sa dépendance économique à l’égard de la Chine et à redistribuer ses investissements dans toute la région. Sous l’étiquette de « Werte-partnerschaften » (partenariats de valeur), l’Allemagne a également tenté d’établir un catalogue de partenariats bilatéraux renforcés avec des pays démocratiques de la région. F. Heiduk accueille cette approche avec un scepticisme significatif. Après une enquête empirique approfondie sur la coopération politique allemande dans l’Indo-Pacifique, il conclut qu’aucune corrélation empirique n’existe entre le fait qu’un État de la région soit désigné comme « partenaire de valeur » par l’Allemagne et le niveau réel de coopération politique qui en découle. Il critique également la faiblesse conceptuelle et le manque de clarté normative du concept de « partenariats de valeur ». F. Heiduk recommande que le terme soit retiré du vocabulaire politique allemand, ou que le cercle des prétendus « partenaires de valeur » soit réduit afin d’inclure uniquement un petit groupe d’alliés démocratiques de longue date dans la région.
La seconde étude, menée par le GIGA (German Institute for Global and Area Studies), un think tank basé à Hambourg, se concentre sur l’engagement de l’Allemagne avec les États insulaires du Pacifique Sud. Le professeur Patrick Köllner, directeur de l’institut, et Oliver Hasenkamp, chercheur associé, évaluent les premiers pas de l’Allemagne dans la région à la suite de la visite de la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock aux Palaos en 2022. Le ministère allemand des Affaires étrangères a renforcé le personnel de sa direction pour la région à Berlin, nommé un représentant spécial pour les États insulaires du Pacifique et ouvert une ambassade dédiée à Suva, capitale des Fidji. Les auteurs notent que l’Allemagne bénéficie d’une immense confiance parmi les États de la région. Cela est dû au fait que Berlin est perçu par les États insulaires du Pacifique comme un allié en matière de politique climatique, ainsi qu’à son passé colonial relativement limité. Contrairement à la France, à la Chine ou aux États-Unis, l’Allemagne n’est pas perçue comme intéressée par l’établissement d’une zone d’influence militaire dans le Pacifique Sud. Les auteurs recommandent une expansion significative de l’implication allemande dans la région au-delà de la coopération climatique : Berlin devrait fournir son expertise et son savoir-faire technique dans les domaines de l’approvisionnement en eau potable, de la logistique maritime, de la gestion des déchets, de la protection des milieux marins et des droits des femmes. Ils affirment que, bien que l’Allemagne doive se concentrer sur l’amélioration de ses liens, notamment avec des États régionaux clés tels que les Fidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Samoa, elle devrait également éviter de s’impliquer de manière urgente dans la compétition géostratégique sur le Pacifique Sud.
En combinaison, les deux rapports montrent un intérêt accru de l’Allemagne pour l’Indo-Pacifique et spécifiquement pour les États insulaires du Pacifique Sud. Cet intérêt est principalement motivé par les préoccupations économiques liées à une Chine assertive, ainsi que par les directives des politiques climatiques et de développement de l’Allemagne. En termes stratégiques, l’Allemagne ne devrait pas s’engager trop fortement dans la région et garder l’accent principal de la politique allemande sur la politique climatique et la coopération au développement. ♦